Santé des soignant(e)s vs population générale

Un sondage publié le 8 mars dernier à l’occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes se penche sur la santé des femmes en France et en particulier sur celles des soignantes. Ce sondage réalisé par Odoxa pour la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) et Le Figaro santé, passe à la loupe la santé au quotidien, les femmes et leur recours au soin, et enfin, la santé au travail. Deux échantillons, de 1 004 Français(es) représentatifs de la population âgées de 18 ans et plus, et de 927 professionnel(le)s de santé hospitalier(e)s permettent de comparer les données de la population générale à celles des soignants, mais également celles entre hommes et femmes, soignants et soignantes.

Premier constat, 75% des professionnels de santé jugent que leur santé est bonne contre… 88% de la population générale. Pire encore, les infirmières et aides-soignantes sont deux fois plus nombreuses que la population générale à avoir souffert de problèmes de santé dans les derniers mois. Ce contraste se retrouve également sur les problématiques psychopathologiques, puisque plus d’un soignant sur 4 (27%) déclare avoir eu un problème de santé mentale au cours des derniers mois, contre 15% au niveau de la population générale. 

Il faut dire que les trois-quarts des hospitaliers déclarent que leur travail génère un stress important (79%), implique une pénibilité importante (71%) et a un impact négatif sur leur santé (74%). Lorsque l’on se concentre sur les femmes exerçant en milieu hospitalier, ces chiffres montent à 80% pour le stress et 73% pour la pénibilité.

A cela s’ajoute un environnement de travail qui peut être pénible, voire difficile. Si les incivilités et violences verbales au travail concernent un quart des actifs (et plus souvent les femmes que les hommes), les soignants sont presque 3 fois plus nombreux à les vivre, puisque ce chiffre s’élève à 67%. Lorsque l’on questionne les soignantes, on atteint presque le palier des trois-quarts des interrogées (73%). On peut ainsi comprendre pourquoi seulement 50% des hospitaliers se déclarent satisfaits de leur travail (contre 73% des Français en activité). A ces difficultés professionnelles s’ajoute une vie personnelle loin d’être équilibrée. En effet, la répartition des tâches ménagères est toujours inégale entre femmes et hommes, puisque celles-ci déclarent s’occuper 10 fois plus des tâches ménagères (48% vs 5%). Lorsque les femmes sont hospitalières, elles déclarent s’en occuper 20 fois plus.

Les enfants et la grossesse sont également de nouvelles sources d’inégalité. Si les femmes s’occupent 13 fois plus des problèmes de santé de leur progéniture, 3 actifs/ves sur 10 et 4 soignants/es sur 10 pensent qu’une grossesse a des effets négatifs sur la carrière d’une femme dans leur entreprise ou leur établissement. Lorsque l’on demande aux premières concernées, on constate que 41% des Françaises et 86% des hospitalières pensent qu’être enceinte au travail engendre des comportements ou situations négatifs. Ces données se reflètent logiquement dans la vision des interrogés/es sur la place accordée à la santé des femmes dans la politique de santé publique : 60% des femmes et 70% des soignantes pensent que la santé des femmes est le parent pauvre de ces politiques. 

Pourtant, ces sujets de santé publique dits féminins sont nombreux : 13% des femmes sont concernées par la précarité menstruelle, c’est-à-dire la difficulté d’accès aux protections hygiéniques pour des raisons économiques. Quant à la vaccination HPV, seulement 14% des Françaises ont été vaccinées. En revanche, bonne nouvelle, les Françaises entre 18 et 35 ans le sont déjà, à 43%.

Les jeunes Français, eux, n’ont pour l’instant pas l’intention de se faire vacciner, puisque leur intention se situe en moyenne 20 points en dessous de celle des filles. Alors que l’HAS recommande la vaccination pour tous, garçon ou fille, à partir de 11 ans, Emmanuel Macron annonçait le lancement d’une campagne de vaccination gratuite « généralisée » dès la 5ème. Ce pas supplémentaire dans la lutte contre toutes les maladies liées au papillomavirus est une bonne nouvelle mais ne sera sans doute pas suffisant pour inverser ces chiffres et repositionner la santé des femmes, et particulièrement celle des soignantes, au coeur des politiques publiques.

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