Avec une fécondité mondiale en baisse, l’humanité ne cesse de vieillir…

Une récente étude publiée dans la célèbre revue scientifique The Lancet fait le point sur la fécondité dans le monde et établit des projections pour les années à venir. Elle prévoit un indice de fécondité moyen en 2050 autour de 1,8 enfant par femme à l’échelle de la planète. Or, il faut un taux de 2,1 enfants par femme pour assurer le renouvellement des générations. Cette prévision entérine-t-elle une accélération irréversible du vieillissement de la population ?

 

Une fécondité en dessous du seuil de renouvellement des générations

Des chercheurs ont compilé les indicateurs de la fécondité entre les années 1950 et 2021, à partir de 1 455 enquêtes et recensements et 150 autres sources, pour évaluer les tendances du taux de fécondité à l’échelle mondiale. Entre 1950 et 2021, l’indice synthétique de fécondité mondial a diminué de plus de moitié, passant de 4,84 à 2,23. Le point culminant du nombre de naissances vivantes dans le monde a été observé en 2016, avec 142 millions de naissances vivantes à travers le monde.

Rappelez vous : pour assurer le renouvellement des générations, il faut un taux de fécondité au moins égal à 2,1. Si le taux de fécondité a baissé au fil des années dans les pays et territoires du monde, il reste supérieur à ce seuil critique dans seulement 94 pays et territoires. Près de la moitié de ces pays se situaient en Afrique sub-saharienne.

Pour aller plus loin, les chercheurs ont établi des prévisions de fécondité jusqu’en 2100, en se basant sur un scénario de référence et sur des scénarios alternatifs dépendants des politiques nationales et internationales. Pour les chercheurs, la tendance à la baisse de la fécondité mondiale va se poursuivre dans les années à venir pour atteindre 1,83 en 2050 et seulement 1,59 à l’horizon 2100. Des chiffres bien en-deçà du seuil de renouvellement des générations. Ainsi, en 2100 seulement 6 pays dans le monde aurait un taux de fécondité au moins égal à 2,1. Même si des politiques natalistes sont mises en œuvre, la tendance pourrait se maintenir, provoquant un vieillissement inexorable de la population.

 

Pourquoi la fécondité ne cesse de chuter ?

Se pose évidemment la question des causes de cette baisse globale de la fécondité. Pourrait-elle s’expliquer par une diminution de la fertilité humaine ?

Dans une méta-analyse, publiée à la fin de l’année 2022, les chercheurs révélaient une baisse importante de la concentration en spermatozoïdes dans le sperme. En 45 ans, la concentration aurait été divisée par deux, passant de 101 millions de spermatozoïdes par millilitre de sperme en 1973, à seulement 49 aujourd’hui. Même si un seul spermatozoïde suffit pour féconder un ovule, il est démontré que la fertilité masculine est liée à la quantité de spermatozoïdes présents dans l’éjaculat.

Cette étude suggère que la fertilité masculine s’érode depuis quelques décennies, probablement en raison de l’évolution du mode de vie et de facteurs environnementaux. Et elle ne serait pas la seule, car la fertilité féminine aussi montre des signes de faiblesse. Dans un certain nombre de pays, dont la France, l’âge de la maternité recule. Sur les 40 dernières années, l’âge de la maternité a reculé en France de 5 ans, pour atteindre 31 ans en 2022. Or la fertilité féminine baisse physiologiquement dès l’âge de 30 ans. Parallèlement des maladies féminines impactant la fertilité augmentent, comme l’endométriose ou le syndrome des ovaires polykystiques.

La baisse simultanée de la fertilité féminine et masculine peut expliquer la baisse de la fécondité. Et le recours croissant aux techniques de procréation médicalement assistée ne permet pas de compenser totalement la baisse de la natalité.

Cependant, l’évolution de la fertilité n’est certainement pas la seule explication à la baisse de la fécondité mondiale. Des changements sociétaux seraient également en cause, avec des disparités importantes en fonction des régions du monde :

  • L’accès à la contraception ;
  • Le droit à l’avortement ;
  • La liberté des femmes ;
  • L’essor de la génération no kids (no bébé), ces trentenaires qui revendiquent le droit de ne pas avoir d’enfants.

 

Conflits, changement climatique, pandémie de la Covid-19, … nombreuses sont les inquiétudes qui pèsent sur les individus et peuvent les faire hésiter à devenir parents.

 

De nouveaux défis face à une population vieillissante

Une fécondité mondiale en dessous du seuil de renouvellement des générations est synonyme d’un vieillissement des populations. D’après les Nations Unies, le nombre de personnes de 65 ans et plus devrait doubler entre 2020 et 2050. Ils représenteront alors 16 % de la population mondiale. La population vieillit inexorablement en France, dans les pays occidentaux et plus largement dans le monde.

Le vieillissement de la population mondiale est catalysé par la baisse de la fécondité, mais aussi par l’augmentation de l’espérance de vie, avec un recul de la mortalité. Ce phénomène pose de multiples défis pour les pays et les territoires : des défis économiques, sanitaires et sociaux qui devraient dès aujourd’hui conditionner les choix stratégiques en matière de politiques publiques.

 

Sources

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