L’ARN messager serait-il l’avenir du médicament ?

Pour l’ARN messager (ARNm), il y aura eu un avant et un après Covid. En quelques mois, l’ARN messager est passé du statut de sujet de recherche à celui de thérapeutique d’avenir. Cette technique pourrait en effet bien être, dans un futur proche, utilisée dans la lutte contre les cancers, les allergies, les maladies cardiaques, et bien d’autres pathologies… Elle pourrait aussi servir à l’élaboration de vaccins contre certains virus pour lesquels aucune solution n’a encore été trouvée : VIH, Ebola, Zika… Désormais, dès lors qu’un apport de protéines pourrait aider à réduire les symptômes, ou mieux, guérir, l’ARNm sera là.

L’ARNm, une découverte pas si nouvelle

Si l’acide ribonucléique messager (ARNm) a fait une entrée fracassante dans le monde thérapeutique avec la synthétisation des vaccins contre le Covid19, sa découverte ne date pas d’hier. Il faut remonter aux années 60 pour retrouver les premières recherches sur l’ARNm. À l’époque, des chercheurs de l’Institut Pasteur à Paris se demandent pourquoi les gènes portés par l’ADN ne sont pas tous exprimés en même temps. Ils cherchent, par exemple, à comprendre pourquoi une enzyme indispensable au métabolisme du sucre n’est synthétisée qu’en sa présence. De ces travaux de recherches menés par François Jacob et François Gros naît la mise en évidence de la régulation de l’expression génétique, un mécanisme essentiel dans la synthèse des protéines. Comme explication à cette régulation, les chercheurs dressent l’hypothèse d’un ARN messager, qui joue le rôle d’intermédiaire dans la synthèse des protéines. Sur la base de cette découverte, il a été admis, notamment dans le cadre du développement des vaccins contre le Covid, que l’ARNm pourrait permettre de commander aux cellules humaines de fabriquer des protéines présentes dans le virus. Ceci pourrait alors donner la possibilité au système immunitaire de s’habituer à reconnaitre le virus et à le neutraliser.

Quel avenir pour l’ARN messager ?

Si l’efficacité de la technique a été mise à l’épreuve avec succès lors de la pandémie, il est désormais entendu que l’ARN messager pourrait aussi être utilisé pour d’autres traitements contre des maladies infectieuses, des cancers…

L’ARNm contre les maladies infectieuses

La pandémie de Covid19 a été un catalyseur dans la mise en avant de l’efficacité de l’ARN messager pour la synthétisation d’un vaccin en seulement quelques semaines. De cette première expérience sont nées des perspectives encourageantes pour la mise au point rapide de nouveaux vaccins contre des maladies infectieuses. Pour trouver une réponse thérapeutique à des maladies comme la grippe, les maladies à cytomégalovirus, la fièvre Zika, la varicelle, l’herpès génital, ou le VIH, les chercheurs se sont mis en quête de trouver l’antigène idéal à même de déclencher une production d’anticorps. Plusieurs essais cliniques sont d’ailleurs déjà en cours.

L’ARN messager : une réponse à la lutte contre le cancer

Les études sur les cellules cancéreuses ont mis en évidence le fait que celles-ci présentent des protéines de surface différentes de celles d’une cellule saine. Les travaux sur l’ARN messager laissent entrevoir des possibilités de développement de nouveaux médicaments contre le cancer. Ces derniers pourraient être capables de cibler les protéines de surface des cellules cancéreuses pour donner la capacité au système immunitaire du malade de produire des anticorps spécifiquement programmés pour lutter contre cette protéine. Des programmes de recherches ont déjà bien avancé pour le cancer de la prostate et le mélanome, un cancer de la peau. D’autres recherches sont aussi en cours pour développer des thérapies à base d’ARN messager qui pourraient soigner le cancer du poumon, du pancréas, de l’ovaire, du rein ou encore du côlon.

L’ARN messager et le traitement des maladies génétiques héréditaires

Des recherches sont aussi menées pour trouver des solutions thérapeutiques contre des maladies génétiques héréditaires telles la myopathie de Duchenne, l’hémophilie, et la mucoviscidose. Dans ce cadre, l’utilisation de l’ARNm pourrait favoriser la stimulation de la production d’une ou de plusieurs protéines déficientes. Dans le cas de l’hémophilie, cette technique pourrait permettre de pallier le déficit en facteur de coagulation VIII ou IX qui est à l’origine de la maladie. Pour la myopathie de Duchenne, l’ARN messager pourrait être utilisé pour relancer la production d’une protéine impliquée dans le soutien de la fibre musculaire.

Force est de constater que l’ARN messager est en passe de transformer l’industrie pharmaceutique en permettant de trouver des solutions pour nombre d’infections et de maladies. Est-ce à dire que l’ARNm pourrait devenir une réponse universelle aux problèmes de santé ? Cela semble en tout cas possible dans tous les maladies ou mécanismes infectieux dans lesquels une protéine pourrait entrer en jeu.

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