Journée mondiale contre le cancer

Le 4 février est la journée mondiale contre le cancer. Derrière ce seul mot, se cachent pas moins d’une centaine de maladies différentes, sans compter que chaque localisation de cancer peut être le siège de tumeurs différentes. Cette journée mondiale est organisée à l’initiative de l’Union internationale contre le cancer. Sensibiliser sur le cancer est déterminant. En France, le nombre de nouveaux cas de cancers a presque doublé au cours des 30 dernières années !

Le cancer, pas une mais des maladies

Parler cancer débute souvent par des chiffres. En France, les chiffres sur le cancer sont rassemblés chaque année par l’Institut National du Cancer (INCA) dans le panorama des cancers. 

En 2023, l’INCa estime à 433 136 le nombre de nouveaux cas de cancer, 57 % de cas masculins et 43 % de cas féminins. 

Chez les hommes, trois cancers arrivent en tête : le cancer de la prostate, le cancer du poumon et le cancer colorectal. L’incidence de ces cancers commence à diminuer ou à se stabiliser. 

Chez les femmes, le cancer du sein représente 33 % des cancers, suivis par le cancer colorectal et le cancer du poumon. Deux cancers montrent une augmentation préoccupante, le cancer du poumon et le cancer du pancréas. 

L’âge moyen de découverte d’un cancer en France est de 70 ans chez les hommes et de 68 ans chez les femmes. Pourtant, il serait faux de croire que les cancers sont une maladie de la personne âgée. Ils peuvent survenir à tous les âges de la vie, y compris chez les enfants, et même de très jeunes enfants. Chaque année en France, environ 2 300 enfants sont touchés par le cancer. 

Le cancer, un enjeu mondial mais aussi national

Sur la période 2022-2024, la thématique choisie pour la journée mondiale contre le cancer est “Pour des soins plus justes”. Pour 2024, le sous-thème est “Ensemble, nous mettons au défi ceux qui sont au pouvoir”. Un appel à l’engagement et à l’action des pouvoirs publics pour un avenir sans cancer. 

En France, la feuille de route nationale suit la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030, lancée en février 2021, et comportant 234 actions relatives à : 

  • la prévention
  • la qualité de vie
  • la lutte contre les cancers de mauvais pronostic
  • l’accès aux soins pour tous. 

Une stratégie : prévenir, dépister et traiter

Dans la lutte contre le cancer, la stratégie pourrait se résumer à trois grands mots-clefs : 

➜ Prévenir 

Selon les estimations, 40 % des cancers pourraient être évités, car ils sont directement liés à des facteurs modifiables : le tabac, l’alcool, une alimentation déséquilibrée, un surpoids ou une obésité, certaines infections, des expositions professionnelles, une exposition aux UV ou à certaines radiations, etc. Le mode de vie, les mesures de protection en milieu professionnel, la protection contre le soleil, … sont des mesures efficaces de prévention des cancers. 

Il est aussi possible de se protéger contre certains cancers grâce à la vaccination contre les infections à HPV. Vacciner les adolescents, garçons et filles, les protège du cancer du col de l’utérus, du cancer du pénis, du cancer de l’anus et de certains cancers ORL. La campagne de vaccination des élèves de 5ème dans les collèges français représente une action clé de lutte contre le cancer ! Une campagne qui malheureusement cette année ne rencontre pas le succès escompté. A la mi-décembre 2023, sur les 632 000 élèves scolarisés en classe de cinquième en France, seulement 61 400 avaient reçu une première injection du vaccin contre les infections à HPV (ce chiffre ne tient pas compte des adolescents vaccinés en dehors du cadre de la campagne dans les collèges.) 

➜ Dépister : 

Plus un cancer est détecté tôt, meilleur est le pronostic pour le patient. Trois dépistages sont organisés en France : le dépistage du cancer du col de l’utérus pour les femmes de 25 à 65 ans, le dépistage du cancer du sein pour les femmes de 50 à 74 ans et le dépistage du cancer colorectal chez les hommes et les femmes de 50 à 74 ans. Mais les taux de participation à ces dépistages varient de 34,3 à 58,8 %. Il faut encore convaincre que se faire dépister, c’est s’offrir une chance de guérir ! Un programme pilote de dépistage des cancers du poumon devrait également voir le jour dans les prochains mois. Et bien sûr au moindre signe suspect, consultez votre médecin !

A l’occasion de la journée mondiale contre le cancer, l’Assurance Maladie lance une campagne de sensibilisation sur les dépistages organisés en France : le dépistage du cancer du sein, le dépistage du cancer du col de l’utérus et le dépistage du cancer colorectal. Un site dédié, “je fais mon dépistage” a été lancé pour inciter les Français à y participer et faciliter l’accès au dépistage. L’objectif fixé est d’atteindre un million de dépistages supplémentaires à l’horizon 2025 ! 

➜ Traiter : 

L’arsenal thérapeutique contre les cancers s’est considérablement enrichi ces deux dernières décennies, avec de multiples avancées, y compris face à des cancers de mauvais pronostic, comme les mélanomes ou le cancer du pancréas. 

Historiquement, les cancers étaient traités principalement par chirurgie, pour extraire la tumeur, puis chimiothérapie, pour détruire les cellules tumorales résiduelles. Désormais, les médecins peuvent compter sur d’autres thérapies : 

  • la radiothérapie
  • l’hormonothérapie
  • l’immunothérapie
  • les thérapies ciblées. 

Au fil des années, des protocoles de soins ont été élaborés pour chaque type et sous-type de cancer, permettant une nette amélioration de la survie. Néanmoins, les taux de survie restent très variables d’un cancer à l’autre, de 93 % pour le cancer de la prostate à seulement 11 % pour le cancer du pancréas. Les efforts doivent se poursuivre pour détecter plus précocement les cancers et pour développer des thérapies plus efficaces et moins pourvoyeuses d’effets secondaires. 

L’avenir : améliorer le pronostic, mais aussi la qualité de vie des patients

Développer des thérapies anticancéreuses de plus en plus efficaces reste l’un des objectifs principaux des chercheurs, mais ce n’est pas le seul. Au-delà, il est déterminant d’améliorer la qualité de vie des patients, c’est-à-dire à la fois allonger leur survie et réduire les effets secondaires et les séquelles des traitements. 

L’immunothérapie et les thérapies ciblées ont permis ces dernières années de révolutionner la prise en charge de nombreux cancers. Alors que la chimiothérapie et la radiothérapie s’attaquent directement aux cellules tumorales, en faisant souvent des dégâts collatéraux, l’immunothérapie vise à stimuler le système immunitaire des patients pour l’aider à identifier les cellules cancéreuses et les détruire. Selon les cas, ces traitements d’immunothérapie : 

  • stimulent la réponse immunitaire globale
  • bloquent des signaux tumoraux spécifiques
  • inhibent des points de contrôle immunitaire (“checkpoints” immunitaires)
  • arment le système immunitaire contre la tumeur.

 

Les progrès de l’immunothérapie ont même permis de développer des vaccins thérapeutiques, capables de déclencher une réponse immunitaire mémoire contre le cancer, laissant espérer une protection contre d’éventuelles rechutes. 

La thérapie génique connaît également un essor important depuis quelques années, comme en témoigne une récente étude publiée par l’Office Européen des Brevets. Désormais, près de la moitié des brevets déposés dans le domaine des traitements anticancéreux concernent des thérapies géniques. Des thérapies révolutionnaires, mais dont le coût important (parfois plusieurs millions d’euros pour une seule injection) représente un nouveau défi pour les systèmes de santé.

La prise en charge des cancers s’oriente également de plus en plus vers une médecine de précision. L’arrivée de l’IA dans les approches diagnostiques, notamment dans les méthodes d’imagerie, mais aussi l’identification des signatures moléculaires des tumeurs pour prévoir la réponse aux traitements anticancéreux, autant d’exemples qui amènent à une prise en charge personnalisée des cancers. Restent évidemment de nombreux défis à relever dans les années à venir : une meilleure prévention des cancers, le développement de thérapies ciblées plus efficaces et avec moins d’effets secondaires, l’identification de biomarqueurs tumoraux pour la médecine de précision et l’accès aux nouveaux traitements pour tous les patients.

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