La place des IPA dans le système de santé français

La place des IPA dans le système de santé français.

Les premiers infirmiers et infirmières de pratique avancée (IPA) ont obtenu leur diplôme en 2019. Depuis, environ 700 IPA de plus ont été diplômés et ont ainsi pu accéder au système de santé. Près de 7 ans après la création de ce statut, on dénombre un millier d’IPA œuvrant à l’hôpital comme en libéral. Et la profession frémit déjà. Nombreux sont ceux qui commencent à dénoncer certains dysfonctionnements, à réclamer plus de reconnaissance et à s’inquiéter pour l’avenir de cette toute jeune profession.

Qu’est-ce que les IPA ?

Dans l’optique d’améliorer l’accès aux soins et les parcours des patients, des réflexions ont été menées. Il s’agissait notamment de trouver des solutions pour pallier une démographie médicale en baisse et répondre au besoin d’un nombre toujours plus important de malades chroniques. Afin de garantir le droit de chacun d’accéder aux soins, la loi de modernisation de notre système de santé a prévu la création de la nouvelle profession d’infirmier.e.s de pratique avancée (IPA). Celle-ci se base sur la montée en compétences, d’infirmier.e.s diplômé.e.s d’État (IDE) vers ce nouveau statut.
Leur rôle va au-delà des actes dispensés par les IDE. Les IPA ont ainsi comme mission de se consacrer au suivi de malades chroniques, et ne peuvent pour cela qu’évoluer dans le cadre d’une équipe de soins coordonnée par un médecin. Leur champ d’action est d’ailleurs défini dans le Code de la santé qui prévoit notamment que l’IPA « est compétent pour conduire un entretien avec le patient qui lui est confié, effectuer une anamnèse de sa situation et procéder à son examen clinique. » Il leur est également autorisé de prescrire médicaments, dispositifs médicaux et examens biologiques.

Une place difficile à trouver

La création de cette profession a été avant tout décidée pour répondre à un réel besoin. Il s’agissait alors de faciliter l’accès aux soins pour les personnes qui éprouvent des difficultés à obtenir un rendez-vous avec leur médecin dans des délais raisonnables. Pourtant force est de constater que les IPA ont encore du mal à trouver leur place. La fonction reste assez mal connue des patients qui faute d’information n’iront pas vers leur médecin pour demander d’accéder à ce service. Et puis de nombreux médecins, bien que surchargés, hésitent toujours à déléguer aux IPA certaines de leurs missions. Certains y voient, en effet, une certaine concurrence et craignent que cela ne vienne leur prendre du travail.
Les IPA sont motivés à l’idée de pouvoir faire avancer le système de santé français, et de pouvoir être reconnu comme un véritable maillon du parcours de soins des patients. Pour autant, ils ont vite été découragés par le manque de marge de manœuvre qui leur est accordé dans l’exercice de leur pratique. Le médecin reste le principal coordinateur et l’exercice de l’IPA dépend ainsi directement de lui.

Une profession économiquement non viable ?

Autre point d’achoppement mis en relief par les IPA : leur rémunération. Les patients chroniques sont orientés vers un ou une IPA après une première consultation obligatoire chez un médecin. Leurs visites chez un infirmier en pratique avancée font ensuite l’objet d’une facturation au forfait, par trimestre. Le coût pour le 1er trimestre est de 58€, puis 32€ pour les trimestres suivants. Les compteurs sont remis à zéro au 1er janvier de chaque année. Pour les malades en ALD (Affection longue durée), le forfait est pris en charge à 100% par l’Assurance maladie. Jusque-là, tout va bien, semble-t-il, du côté du patient qui se voit proposer un service de soins à un prix somme toute raisonnable. Mais là où le bât blesse pour les IPA, c’est que dans ces forfaits les visites sont illimitées tant en nombre qu’en durée. Sur cette base et au vu des montants des forfaits qui leur sont accordés, les IPA déclarent ne pas réussir, ou en tout cas difficilement, à gagner leur vie.
Cette profession toute récente qui semblait avoir un bel avenir devant elle, souffrirait-elle finalement déjà ? Beaucoup d’IPA sonnent déjà l’alarme et certains ont fait le choix de retourner à un poste d’IDE. Petite lumière dans le tunnel, un rapport de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales), rendu au début du mois de janvier 2022, a mis en avant ces obstacles. Il semble alors qu’un nouvel horizon puisse se dessiner pour les IPA.

Sources :

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