L’Institut Curie et Thales ont annoncé avoir conclu un partenariat d’envergure. Son objectif est l’étude et la mise en œuvre de la radiothérapie « Flash » en utilisant des électrons de très haute énergie (VHEE) pour ce type de protocole de soins. Il s’agira entre autres de mettre au point la première machine de radiothérapie Flash. Un partenariat aux enjeux incommensurables.
La révolution de la radiothérapie
C’est en 2014 que l’effet Flash est découvert par l’équipe du Dr Vincent Favaudon dans les laboratoires de l’Institut Curie, au sein de son centre de recherche et traitement du cancer. Plus qu’une simple évolution des traitements du cancer par radiothérapie, c’est une véritable révolution que suscite cette nouvelle technique. En effet, depuis que l’on a découvert que la radiothérapie peut être utilisée à des fins médicales, le fractionnement en plusieurs séances d’une irradiation thérapeutique a toujours été indispensable pour limiter ses effets secondaires.
La radiothérapie Flash pourrait bien permettre de remplacer plusieurs dizaines de séances actuelles qui durent plusieurs minutes chacune par une unique séance de moins d’une seconde. L’autre grande avancée est que cette technique à ultra-haut débit de doses est capable de détruire avec une extrême précision les cellules tumorales tout en épargnant les cellules saines. Il serait aussi possible de réaliser une irradiation plus efficace des cancers profonds tels que celui du pancréas, pour lesquels les chances de réussite du protocole de soins sont, encore, souvent minces.
Une révolution pour le monde médical et les constructeurs d’équipements
Cette découverte met le secteur de la santé en effervescence. En effet, cela fait des décennies que le monde de la radiothérapie n’avait pas connu une telle avancée. Jusqu’à maintenant, elle n’avait fait qu’évoluer.
Depuis 2010, les électrons, qui avaient l’inconvénient de ne pas bien traverser le corps au-delà de 3 centimètres et pouvaient causer des brûlures cutanées, avaient quasiment disparu au profit des photons qui traversent mieux le corps et ont moins d’effets secondaires.
La radiothérapie Flash supplantera aussi la protonthérapie (thérapie par faisceaux de protons) qui, en plus de coûter cher, n’est possible en France que dans 5 salles dédiées aux cancers des parties sensibles et des enfants. Le faisceau chirurgical de cette technique a, qui plus est, le défaut de ne pas correctement gérer les mouvements des organes, comme des poumons qui respirent, par exemple. La technique Flash n’aura pas ce problème.
Côté calendrier, le cahier des charges d’un premier équipement pour l’expérimentation doit être mis en place d’ici mi-2024. À partir de mi-2026, il pourra être utilisé, une fois la dosimétrie contrôlée et les autorisations obtenues, pour réaliser les essais cliniques sur les êtres humains. Un déploiement dans les hôpitaux est ambitionné pour 2028.
Des financements à trouver
Dans un premier temps, ce sont entre 25 à 30 millions d’euros que les nouveaux partenaires vont devoir réunir pour développer l’équipement expérimental qui servira aux essais cliniques.
En cas de résultats concluants, 90 millions supplémentaires seront nécessaires pour passer à l’étape de production industrielle de l’équipement. C’est en toute logique Thales qui s’occuperait de l’industrialisation, mais ce n’est le rôle de l’industriel que de financer les essais cliniques. Il va donc falloir, pour boucler le financement, trouver un équilibre public-privé. Ce premier équipement de traitement Flash, qui sera installée dans le site de protonthérapie d’Orsay (Essonne), devrait néanmoins pouvoir bénéficier du soutien à l’innovation du plan France Relance 2030.