Le 10 février 2022, le gestionnaire d’un site français était mis en demeure par la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) de se mettre en conformité avec les règles en vigueur concernant le transfert de données personnelles. Il avait un mois pour se mettre en conformité au risque de subir des sanctions et devoir payer une amende équivalente à 4% de son chiffre d’affaires. En cause, son utilisation de Google Analytics dont l’anonymisation des données, traitées aux États-Unis, est jugée insuffisante et donc non conforme au RGPD. Une affaire, qui n’était que le début de nombreuses autres plaintes et qui semble sonner le glas de l’un des outils de web analytics les plus populaires, si ce n’est le plus populaire. Pas forcément…
Une situation inédite qui déstabilise les entreprises
Dans cette affaire, c’est la protection des données personnelles telle que définie par le RGPD qui est au centre du problème. L’arrêt dit « Schrems II » du 16 juillet 2020 est aussi en cause. Il complique, en effet, et même bloque, le transfert de data personnelles de l’Europe vers les grands fournisseurs de services cloud américains.
Pourtant, cet outil développé par l’un des géants des GAFAM est largement utilisé par les entreprises, quels que soient leur taille et leur secteur d’activité. Google Analytics sert à organiser les veilles concurrentielles et la web analyse qui sont désormais indispensables aux équipes marketing. Une disparition de l’outil aurait alors des conséquences non négligeables sur les données et les entreprises. D’un point de vue économique d’abord, la fin de Google Analytics, qui est gratuit, obligerait les entreprises à basculer vers des solutions souvent payantes. En termes d’organisation, l’arrêt de GA demanderait aux entreprises de modifier leurs process et de devoir familiariser leurs équipes avec un nouvel outil. Quid également de la possibilité de comparer efficacement les résultats de rapports émis par des outils différents ? Construits différemment, ils pourraient ne pas présenter les mêmes indicateurs.
Les alternatives à Google Analytics
Google a d’ores et déjà réagi à l’appel du pied de la CNIL en annonçant, le 16 mars dernier, vouloir abandonner Universal Analytics au profit de Google Analytics 4. Pour plaire à la CNIL et surtout éviter que les entreprises délaissent son outil pour des solutions plus respectueuses de la RGPD, Google Analytics 4 ne stockera plus les adresses IP. Ce n’est qu’un début et il faudra encore peut-être patienter pour que GA4 soit totalement en règle vis-à-vis de la protection des données en Europe. En attendant, la CNIL recommande un certain nombre de solutions qui servent seulement à livrer des données statistiques anonymes, sans transferts illégaux. Parmi les outils conseillés, on trouve :
- Analytics Suite Delta de AT Internet dans sa version disponible à la date du 30 mars ;
- SmartProfile de Net Solution Partner dans sa version 21 ;
- Wysistat Business de Wysistat dans sa version 12.1 ;
- Piwik PRO Analytics Suite de Piwik PRO dans sa version 15.2. ;
- Abla Analytics de Astra Porta dans sa version 1 ;
- BEYABLE Analytics de BEYABLE dans sa version 1.0 ;
- etracker Analytics (Basic, Pro, Entreprise) de etracker dans sa version disponible à la date du 4 août 2021 ;
- Retency Web Audience de Retency dans sa version 1.0 ;
- Nonli de Nonli dans sa version 2.0 ;
- CS Digital de Contentsquare dans sa version 10 ;
- Matomo Analytics de Matomo dans sa version 4 ;
- Wizaly de Wizaly SAS dans sa version 12 ;
- Compass de Marfeel Solutions dans sa version 1.0 ;
- Statshop de Web2Roi dans sa version 1.8 ;
- Eulerian de Eulerian Technologies dans sa version 6 ;
- Thank-You Marketing Analytics de Thank-You dans sa version 2.0 ;
- eStat Streaming de Médiamétrie dans ses versions JavaScript/TypeScript : 7.2.2 ; Apple : 6.0.0 ; Android : 6.0.0 ;
- TrustCommander de Commanders Act dans sa version TRUST 2.0