Des usines pharmaceutiques bientôt en orbite ?!

Depuis le premier pas de l’homme sur la lune le 21 juillet 1969, la conquête de l’espace a conduit à une multitude d’innovations technologiques, désormais intégrées dans notre quotidien : les matelas à mémoire de forme, le GPS, les caméras, …. Et si demain, l’espace devenait un lieu d’innovation médicale. Depuis plusieurs années, les projets de recherche biomédicale dans l’espace se multiplient. 

 

De la médecine spatiale à la médecine terrestre

La santé des astronautes a constitué un enjeu majeur pour les chercheurs et les médecins dès les premières expéditions humaines dans l’espace. Les recherches dans ce domaine ont donné naissance à une véritable spécialité médicale, la médecine spatiale. Elle vise à étudier et à mesurer les effets sur la santé humaine de plusieurs phénomènes :  

  • L’impesanteur et la microgravité ; 
  • L’exposition aux radiations spatiales (le rayonnement cosmique) ;
  • Le confinement et l’isolement parfois sur de longues périodes ;
  • La distance par rapport à la Terre. 

Comprendre ces effets et développer des solutions pour protéger la santé des astronautes ont favorisé de multiples innovations technologiques, dont certaines ont été transposées sur Terre. C’est le cas par exemple des dispositifs d’analyse rapide de la qualité de l’eau ou encore le développement de nouveaux matériaux antimicrobiens. Le déploiement de nouvelles technologies a également favorisé l’essor de la télémédecine et de la santé connectée, devenues aujourd’hui incontournables. D’après les données de l’Assurance maladie, en 2024, 13,9 millions de téléconsultations ont ainsi été effectuées en France, soit une progression de près de 20 % par rapport à l’année 2023. 

 

La microgravité, un atout majeur pour la recherche biomédicale

L’attention des chercheurs se concentre en particulier sur la microgravité, à la fois pour ses effets sur le corps humain, mais aussi pour son intérêt en recherche biomédicale. 

Dans l’espace, l’astronaute devient une personne en état d’hypersédentarité. Il subit un vieillissement accéléré (estimé à un facteur 10) mais réversible, associé à : 

  • Une fonte musculaire ;
  • Une diminution de la masse osseuse ; 
  • Un affaiblissement du système immunitaire ;
  • Des perturbations métaboliques et cardiovasculaires ;
  • Des troubles neurosensoriels et du sommeil.

Actuellement, plus d’une dizaine d’équipes de recherche européennes travaillent sur les effets de la microgravité sur le corps humain afin notamment de mieux comprendre les phénomènes liés au vieillissement. Si la microgravité peut affecter la santé des astronautes, elle se révèle une propriété intéressante pour la recherche biomédicale. Physiquement, la microgravité ralentit la cristallisation des molécules et aboutit à des cristaux de meilleure qualité. Cette caractéristique pourrait permettre de produire des médicaments de plus grande efficacité et des modèles biologiques en trois dimensions, comme les organoïdes, plus facilement et plus rapidement. Grâce à la microgravité, les chercheurs pourraient accéder à des innovations impossibles à envisager sur Terre. 

 

Vers une production spatiale de médicaments

Les enjeux et les défis de la recherche biomédicale dans l’espace ont été l’objet du deuxième congrès Health from Space, qui s’est tenu à Cannes les 4 et 5 mars 2025. Déjà certaines sociétés de biotechnologies envisagent de créer des laboratoires ou des usines pharmaceutiques en orbite. 

L’essor de la recherche biomédicale spatiale est rendue possible par le développement de plusieurs sociétés aéronautiques privées. Un premier prototype a récemment été mis en orbite par la société Varda Space Industries pour la production d’un médicament antirétroviral utilisé en prévention et dans le traitement de l’infection par le VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine), le ritonavir. L’entreprise ambitionne de multiplier les vols et d’être à l’origine de la première formulation pharmaceutique au monde créée grâce à la microgravité. Parallèlement, SpaceX a conçu un programme spécifiquement dédié, baptisé Starfall, dont l’objectif est d’envoyer dans l’espace des capsules non habitées renfermant des principes actifs pharmaceutiques pour développer de nouvelles formulations. 

Dans les années à venir, des modèles biologiques inconnus ou des formulations pharmaceutiques inédites pourraient revenir de l’espace. Restera alors à aborder la délicate question de l’autorisation de ces découvertes par les autorités de santé publique

 

Sources

Partager
Poursuivre votre lecture