Rougeole et coqueluche, deux infections considérées comme appartenant au passé et que l’on croyait sous contrôle en France et en Europe depuis la commercialisation de vaccins il y a déjà plusieurs décennies. Mais depuis quelques temps, une recrudescence de ces pathologies est observée, en lien avec une baisse notable des couvertures vaccinales. L’occasion de rappeler la gravité potentielle de ces infections et la nécessité d’être vacciné pour se protéger et protéger les autres.
Rougeole et coqueluche, deux maladies à prévention vaccinale
Le premier vaccin combiné contre la rougeole, les oreillons et la rubéole a été commercialisé en 1971. Avant la généralisation de la vaccination, la rougeole provoquait selon les estimations 2,6 millions de décès par an dans le monde. La vaccination a permis de réduire considérablement l’incidence et la mortalité. En 2018, la rougeole a entraîné plus de 140 000 décès dans le monde. Depuis le 1er janvier 2018, la vaccination des nourrissons contre la rougeole est obligatoire en France, avec deux doses, administrées respectivement à 12 mois, puis entre 16 et 18 mois. En 2021, la couverture vaccinale en France s’élevait à plus de 90 % en France hexagonale.
La vaccination contre la coqueluche a été introduite en France en 1959, puis étendue en 1966, grâce à son association dans un vaccin combiné diphtérie – tétanos – poliomyélite. La vaccination est actuellement obligatoire chez le jeune enfant, puis recommandée à des âges clés de la vie, au début de l’adolescence, à chaque grossesse chez la femme enceinte, chez certains professionnels et chez les sujets âgés. Cette vaccination a permis une réduction spectaculaire de l’incidence de la coqueluche et de la mortalité associée. Dans le monde, elle touche encore chaque année 40 millions de personnes et serait à l’origine de 300 000 décès. La coqueluche peut être particulièrement grave chez les nourrissons de moins de 6 mois. Or seulement 75 % des françaises ayant accouché en 2024 avaient reçu un rappel de coqueluche au cours de leur grossesse pour protéger leur nouveau-né.
Une recrudescence expliquée par une vaccination en perte de vitesse ?
La recrudescence de la coqueluche et de la rougeole s’observe en Europe depuis 2023. Un communiqué de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de l’UNICEF en juillet 2025 alerte sur une résurgence de ces deux maladies en Europe, en lien avec un recul des couvertures vaccinales. La couverture vaccinale contre la rougeole serait en recul de 1 % entre 2019 et 2024 (de 92 à 91 %) et de 2 % pour la coqueluche (de 95 à 93 %). Or l’immunité collective contre ces infections requiert une couverture vaccinale minimale de 95 %.
La recrudescence observée en Europe touche également la France. Pour la coqueluche, entre le 1er janvier et le 15 novembre 2024, 42 décès liés à la coqueluche ont été recensés, dont 23 enfants. Parallèlement, au mois de juin 2025, Santé Publique France recensait déjà plus de 650 cas de rougeole (contre 483 sur toute l’année 2024) et 2 décès. Face à cette tendance, les autorités de santé publique soulignent l’importance de suivre les recommandations vaccinales en vigueur.
Les vaccins combinés, un atout pour convaincre de se faire vacciner ?!
La vaccination est le moyen de prévention le plus efficace pour toutes les infections pour lesquelles il existe un vaccin efficace. D’après l’OMS, 60 % des vies d’enfants sauvées dans le monde ces dernières années l’ont été grâce à l’accès à la vaccination contre la rougeole.
Pour augmenter les couvertures vaccinales, il est possible d’agir sur un certain nombre de paramètres : sensibiliser sur l’importance de la vaccination, agir sur l’hésitation vaccinale, faciliter l’accès aux vaccins, recourir à l’obligation vaccinale, …. Mais il est aussi possible de simplifier les schémas vaccinaux notamment grâce aux vaccins combinés.
Chez l’enfant, le développement des vaccins combinés (tri-, tétra-, penta-, hexa- voire heptavalents) permet de réduire considérablement le nombre d’injections à réaliser. Les vaccins ROR (contenant la valence rougeole) et DTP-Ca (contenant la valence coqueluche) en sont deux illustrations. Chez les adultes, d’autres vaccins combinés pourraient permettre d’accroître les couvertures vaccinales. C’est le cas par exemple des vaccins combinés grippe-Covid 19 actuellement en cours de développement, qui pourraient contribuer à renforcer la couverture vaccinale contre ces deux infections.
Sources
- Organisation Mondiale de la Santé. Les taux de vaccination des enfants sont en recul en Europe, ce qui alimente la résurgence de la rougeole et de la coqueluche. 15 juillet 2025. https://www.who.int/europe/fr/news/item/15-07-2025-childhood-vaccination-rates-lag-in-europe—fueling-further-resurgence-of-measles-and-whooping-cough
- ARS Ile de France. Rougeole : recrudescence de cas en France. 11 avril 2025. https://www.iledefrance.ars.sante.fr/rougeole-recrudescence-de-cas-en-france
- Haute Autorité de Santé. Recrudescence de la coqueluche : la HAS renforce les recommandations vaccinales pour protéger les nouveau-nés et les nourrissons. 22 juillet 2024. https://www.has-sante.fr/jcms/p_3531825/fr/recrudescence-de-la-coqueluche-la-has-renforce-les-recommandations-vaccinales-pour-proteger-les-nouveau-nes-et-les-nourrissons