L’obésité est-elle le fléau du XXIème siècle ? Dans une récente étude publiée dans la revue scientifique The Lancet, des chercheurs avancent des prévisions très alarmantes pour 2050, avec 60 % d’adultes et un tiers des enfants et adolescents qui pourraient être en surpoids ou obèses. Au-delà des innovations thérapeutiques développées pour favoriser la perte de poids, les chercheurs appellent à des actions fortes de santé publique pour limiter l’essor de l’obésité.
L’obésité, un fléau mondial qui n’épargne aucune région du monde !
Les chiffres publiés récemment suggèrent que le surpoids et l’obésité pourraient devenir une véritable norme sociétale dans les années et décennies à venir. Sur les 30 dernières années, la prévalence du surpoids et de l’obésité a plus que doublé, une tendance qui se poursuit, voire qui s’amplifie. Et ce phénomène touche toutes les régions du monde.
Si les États-Unis restent le pays du monde avec la plus forte prévalence, d’autres pays voient l’obésité se répandre très rapidement. Ainsi, en Égypte 80 % des femmes pourraient être en situation d’obésité d’ici 2050. Longtemps épargnés, l’Asie et l’Afrique sont désormais des continents particulièrement touchés. Rien qu’en Chine, deux tiers de la population pourraient être en surpoids ou obèses en 2050. En Afrique, certains pays passent en seulement quelques années d’une situation de sous-alimentation à une épidémie d’obésité.
En France, près d’un adulte sur deux est désormais en situation de surpoids ou d’obésité. En 2050, la proportion de Français en surpoids ou obèses pourrait atteindre 68 % alors qu’elle n’était que de 35 % en 1990. Si les chiffres parlent d’eux-mêmes, quelles actions pourraient permettre de freiner cette flambée du surpoids et de l’obésité ? Les traitements de l’obésité sont-ils la seule solution ?
Analogues du GLP-1 et chirurgie bariatrique face à l’obésité
Les conséquences sur la santé du surpoids et de l’obésité sont multiples : le diabète de type 2 et sa kyrielle de complications, l’hypertension artérielle, la stéatose hépatique, les maladies et accidents cardiovasculaires, l’apnée obstructive du sommeil, …. L’obésité impacte profondément la santé et la qualité de vie des personnes concernées et de leur entourage.
Ces dernières années ont été marquées par l’arrivée de nouvelles solutions thérapeutiques pour mieux prendre en charge les patients et lutter contre l’obésité :
- Les différentes techniques de chirurgie bariatrique, indiquées en seconde intention pour les personnes avec un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 40 kg/m², d’après les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS). Entre 1996 et 2016, le nombre d’interventions a été multiplié par 20, selon un rapport de la DREES ;
- Les analogues du GLP-1 (Glucagon-Like-Peptide-1), indiqués dans le traitement de l’obésité pour les patients avec un IMC supérieur à 35, ou supérieur à 30 avec au moins une comorbidité associée. Le marché mondial, évalué à 40 milliards de dollars en 2023, pourrait atteindre 150 milliards de dollars dès 2032. Une progression sans précédent.
Actuellement, trois analogues du GLP-1 sont disponibles en France dans le traitement de l’obésité et de nouvelles molécules sont en cours de développement. Le recours à ces nouveaux moyens de lutte visent à faire reculer l’obésité et ses conséquences, mais ils n’agissent pas sur la cause du problème.
Du changement individuel de mode de vie à une action politique à grande échelle
Les estimations des épidémiologistes pour les années 2050 visent surtout à faire réagir les décideurs politiques et les autorités de santé publique. Si chacun peut individuellement modifier son mode de vie pour mieux contrôler son poids corporel, la lutte contre l’obésité implique nécessairement des politiques de prévention coordonnées au niveau national, européen et international. Parallèlement à l’importance de l’alimentation et de l’activité physique, d’autres facteurs contribuent au surpoids et à l’obésité, tels que :
- La prédisposition génétique ;
- L’âge et le genre ;
- Le niveau socio-économique.
En France et en Europe, quelques mesures ont vu le jour, comme le Nutri Score ou la taxation des boissons sucrées. Mais il apparaît urgent d’aller plus loin avec des actions de plus grande ampleur, telles que :
- L’éducation nutritionnelle et un accès facilité à des menus équilibrés, par exemple dans les cantines scolaires ;
- La réglementation sur la publicité des aliments ultra-transformés ;
- La diminution voire le retrait d’additifs alimentaires ciblés comme délétères pour la santé, notamment certains émulsifiants ;
- De nouvelles infrastructures sportives dans les établissements scolaires, pour encourager l’activité physique dès le plus jeune âge ;
- Des politiques de nutrition adaptées aux besoins actuels des populations.
Des freins politiques et financiers peuvent bloquer ou ralentir la mise en œuvre de certaines actions. Récemment, la généralisation du Nutri Score et son obligation n’ont par exemple pas été décidées à l’unanimité par les 27 pays de la Communauté Européenne, laissant encore le choix aux industriels d’étiqueter ou non leurs produits. Aller plus loin dans les actions de prévention est un enjeu déterminant pour infléchir la courbe de l’incidence de l’obésité à travers le monde.
Sources
- DREES. Surpoids et obésité : facteurs de risques et politiques de prévention. Juillet 2024. https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2024-07/DD118.pdf
- ARS Hauts de France. Une mobilisation de tous les acteurs pour lutter contre l’obésité. 16 mai 2025. https://www.hauts-de-france.ars.sante.fr/une-mobilisation-de-tous-les-acteurs-pour-lutter-contre-lobesite
- INSERM. Obésité et surpoids : près d’un Français sur deux concerné. État des lieux, prévention et solutions thérapeutiques. 20 février 2023. https://presse.inserm.fr/obesite-et-surpoids-pres-dun-francais-sur-deux-concerne-etat-des-lieux-prevention-et-solutions-therapeutiques/66542/