La pandémie de la Covid-19 a profondément marqué les populations du monde entier, mais aussi les autorités de santé publique. La mondialisation des échanges impose au monde de s’organiser pour avoir une lutte coordonnée contre les épidémies. Le 27 décembre est justement dédié à la journée internationale de la préparation aux épidémies (epidemic-preparedness-day). La première édition de cet événement a été organisée par l’Organisation des Nations Unies le 27 décembre 2020, l’année de la pandémie de Covid-19.
Vers un accord mondial de prévention et de préparation aux épidémies
Tirer les leçons de la pandémie de la Covid-19 pour mieux prévenir et faire face ensemble à une nouvelle épidémie, tel est l’objectif principal de cette journée. Les États et l’ensemble des autorités de santé publique à travers le monde sont invités à réfléchir pour mettre en place des actions de prévention des épidémies et des plans d’actions coordonnés pour la gestion d’une éventuelle nouvelle crise sanitaire.
Avant même la sortie de la crise sanitaire de la Covid-19, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a appelé les États membres (194 États à ce jour) à définir ensemble une convention, un accord ou tout autre instrument consensuel pour renforcer la prévention, la préparation et la lutte contre les épidémies. La première réunion de travail visant à définir cet accord a eu lieu en 2022, puis une dizaine de réunions de travail se sont succédé jusqu’à présent. Pourtant, à ce jour, aucun accord ou convention internationale n’a été finalisé, encore moins signé. La préparation aux épidémies serait-elle un sujet qui ne fait pas l’unanimité ?
Tirer les leçons des précédentes crises sanitaires
L’épidémie de la Covid-19, partie de Chine en décembre 2019, s’est rapidement propagée au reste du monde. Mais chaque pays a réagi à sa manière et en fonction de ses possibilités. Les mesures de confinement ont notamment été très différentes d’un pays à l’autre. Récemment, les experts de 13 pays européens ont analysé les grands enseignements à tirer de cette crise sanitaire majeure.
Globalement, ils ont identifié trois aspects clés positifs dans la réaction des états à la pandémie :
- Agir tôt, d’où l’intérêt majeur de se préparer ;
- Identifier vite, ce qui incite également à coordonner les efforts de recherche sur les agents pathogènes émergents ;
- Surveiller l’impact de la pandémie, notamment sur les systèmes et les infrastructures de santé.
Les pays qui ont rapidement pris des mesures de réduction des interactions sociales, voire de confinement, ont déploré moins de décès que les autres pays. Il faut également pouvoir déterminer rapidement les caractéristiques de l’agent pathogène et les modes de circulation pour adapter les mesures. Enfin, il faut pouvoir mesurer l’impact sur le système de santé et mettre au point des plans d’actions adaptés. Toutes ces leçons doivent permettre de mieux se préparer à une éventuelle future pandémie.
Vers une nouvelle pandémie… ?
La pandémie de la Covid-19 n’était pas le premier épisode d’épidémie majeure dans le monde. Le Moyen-Âge a été marqué par plusieurs épidémies de peste en Europe. Plusieurs épidémies de grippe, en particulier la grippe espagnole (responsable de 30 à 50 millions de décès dans le monde en 1918-1919), ont durement frappé les populations mondiales au siècle dernier. Il est donc probable que de nouvelles épidémies surviennent dans les mois, les années, les décennies à venir.
L’OMS, mais aussi les organismes en charge de la surveillance épidémiologique – comme Santé Publique France – surveillent de près l’évolution des maladies et l’émergence de nouvelles maladies infectieuses. Plusieurs pathologies suscitent actuellement des inquiétudes plus ou moins fortes :
- La grippe aviaire est apparue en Chine en 1996. Depuis 2020, les foyers chez les oiseaux se multiplient à un rythme important et touchent maintenant le monde entier. De nouvelles espèces, dont l’homme, sont désormais touchées, en particulier en Amérique du nord. Le risque d’une pandémie de grippe aviaire pourrait se profiler dans un avenir proche.
- La variole du singe, due au virus MPox, a été responsable d’une vague épidémique en 2022, puis d’une nouvelle vague cette année, liée à l’apparition d’un nouveau clade du virus (le clade 1). Très présent en Afrique, le clade 1 n’a pour l’instant pas été détecté en France, mais un premier cas a été observé en Suède en août 2024. Là encore, les autorités de santé publique sont particulièrement vigilantes et des recommandations vaccinales ont été formulées pour protéger les personnes à risque, et ainsi limiter la propagation du virus.
- Enfin, une autre maladie, inconnue cette fois, a été détectée en République Démocratique du Congo depuis quelques mois. Depuis la fin du mois d’octobre, cette maladie, appelée pour l’instant la maladie X, est déjà responsable de 79 décès. Rien n’est pour l’instant connu sur cette maladie, ni l’agent pathogène, ni le mode de transmission, ni la physiopathologie. Une délégation de l’OMS a été dépêchée sur place début décembre pour enquêter et préciser la menace pour la santé publique mondiale.
Se préparer aux épidémies, dans un contexte où les flux de marchandises, d’animaux et de personnes sont mondialisés, requiert de coordonner les efforts et les actions de l’ensemble des pays et des continents. “L’accord” mondial est une nécessité à l’heure où de nouvelles menaces épidémiques planent sur la santé publique mondiale.
Sources
- Nations Unies. Journée internationale de la préparation aux épidémies : 27 décembre. Consulté le 16 décembre 2024. https://www.un.org/fr/observances/epidemic-preparedness-day
- Nations Unies. Journée internationale de la préparation aux épidémies: ensemble, appliquons les leçons de la COVID-19, exhorte le Secrétaire général. 18 décembre 2023. https://press.un.org/fr/2023/sgsm22089.doc.htm
- Organisation Mondiale de la Santé. Accord mondial sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies. 10 juin 2024. https://www.who.int/fr/news-room/questions-and-answers/item/pandemic-prevention–preparedness-and-response-accord