Les radiopharmaceutiques, en plein essor en oncologie !

Médicaments radioactifs

Plus d’un siècle après la première radiothérapie, la médecine nucléaire s’est progressivement imposée dans le diagnostic et le suivi des cancers. Désormais, les médicaments radiopharmaceutiques pourraient également devenir un incontournable dans l’arsenal thérapeutique anticancéreux. 

 

De la radiothérapie aux médicaments radioactifs en oncologie

En 1895, sont découverts les rayons X. Dès l’année suivante, naît l’idée d’utiliser ces rayonnements pour le traitement des tumeurs, c’est la première radiothérapie, qui reste encore aujourd’hui l’une des thérapies anticancéreuses les plus utilisées dans de nombreux cancers. Mais le principal inconvénient de cette approche est l’irradiation concomitante des cellules et des tissus sains autour de la tumeur. Au fil des années, les chercheurs et les médecins n’ont eu de cesse d’améliorer les techniques (curiethérapie, radiothérapie stéréotaxique, …) pour irradier plus spécifiquement les cellules tumorales.

Depuis plusieurs décennies, la médecine nucléaire connaît un formidable essor, dans le diagnostic d’abord et plus récemment dans la thérapeutique. Dans les années 1970, l’utilisation du technétium-99 devient courante dans de nombreux hôpitaux à travers le monde et améliore le diagnostic des pathologies, notamment cancéreuses. L’utilisation des radioisotopes est à la base des techniques de scintigraphie et de tomographie par émission de positon (TEP). Encore aujourd’hui, le technétium-99 est utilisé dans plus de 80 % des diagnostics effectués dans les services de médecine nucléaire.

Si l’intérêt des radioisotopes en imagerie médicale n’est plus à démontrer, les chercheurs et les médecins s’intéressent désormais de près à leur potentiel thérapeutique. Les rayonnements qu’ils émettent sont capables de détruire les cellules cancéreuses in situ, en minimisant les dommages sur les cellules saines.

 

Les radiopharmaceutiques, un développement à la frontière entre physique, chimie et biologie

Classiquement, la radiothérapie a fait appel aux rayonnements bêta. Une nouvelle forme de radiothérapie, l’alphathérapie, repose sur l’utilisation des émetteurs alpha, à la fois plus énergétiques et avec un mode d’action plus ciblé que les émetteurs bêta. L’un des radioisotopes les plus étudiés est le plomb-212, issu du thorium.

Pour développer de nouveaux médicaments radiopharmaceutiques utilisables dans le diagnostic et/ou le traitement, il faut associer :

  • Un radioisotope ;
  • Une molécule biologique pour assurer l’acheminement du radiopharmaceutique jusqu’à la tumeur. Il faut donc choisir une molécule qui se dirigera spécifiquement vers les cellules cancéreuses.

 

Entre ces deux éléments, il faut créer un couplage, couplage qui sera détruit une fois le médicament parvenu à sa cible. La conception d’un radiopharmaceutique fait donc appel à des connaissances poussées sur les radioisotopes et sur les mécanismes moléculaires de la tumeur, ce qui explique les nécessaires collaborations entre les laboratoires pharmaceutiques et des sociétés spécialisées. 

Le radiopharmaceutique, administré au patient par voie parentérale ou par voie orale, parvient à la tumeur grâce à la molécule biologique, puis exerce son effet thérapeutique en irradiant les cellules tumorales. Cette technique est appelée la radiothérapie interne vectorisée.

En France, selon les données de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) et de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), près de 130 services disposent d’une radiopharmacie autorisée par les agences régionales de santé. À des fins thérapeutiques, 158 chambres de radiothérapie interne vectorisée sont réparties dans 46 services de médecine nucléaire partout en France.

 

Un marché avec une croissance annuelle supérieure à 10 %

Parmi les médicaments radiopharmaceutiques déjà commercialisés, les plus connus sont le lutétium-177 oxodotréotide (Lutathera®), indiqué dans le traitement des tumeurs neuroendocrines gastro-entéro-pancréatiques, ou le dichlorure de radium Ra-223 (Xofigo®), indiqué dans le traitement du cancer de la prostate avec métastases osseuses. Actuellement, les radiopharmaceutiques sont principalement destinés aux traitements des cancers, non résécables, métastatiques et/ou ne répondant pas aux autres lignes de traitement. Mais progressivement, leurs indications pourraient s’élargir à la faveur de l’essor de la médecine nucléaire.

Le marché des radiopharmaceutiques utilisés en thérapie anticancéreuse bénéficie en effet d’une conjonction de plusieurs facteurs favorables :

  • L’augmentation de l’incidence des cancers dans le monde ;
  • Les progrès de la médecine nucléaire et de l’imagerie médicale ;
  • La possibilité de personnaliser les traitements grâce aux radiopharmaceutiques, capables de cibler des types spécifiques de cellules tumorales.

Le nombre de radiopharmaceutiques pourrait ainsi fortement augmenter dans les années à venir. Pour les années 2021 et 2022, le marché des radiopharmaceutiques (toutes utilisations confondues) était évalué respectivement à 4,9 milliards de dollars et à 6,2 milliards de dollars. D’après les estimations, il devrait croître avec un taux de croissance annuel moyen d’environ 5 à 11 % d’ici 2100.

Déjà promis à un bel avenir dans le diagnostic et le suivi des pathologies tumorales, la médecine nucléaire pourrait également se déployer largement dans le champ des thérapies anticancéreuses, en complément des autres thérapies ciblées.

 

Sources

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