Anciennement appelée la chorée de Huntington, la maladie de Huntington a été décrite pour la première fois en 1872 par le Dr. Georges Huntington. En France, environ 6 000 personnes présentent une forme symptomatique de la maladie, tandis que 12 000 sont porteuses du gène muté de la huntingtine. Le 6 décembre est consacré à la journée française de sensibilisation sur la maladie de Huntington. L’occasion d’informer et de mobiliser sur cette maladie neurodégénérative rare et héréditaire.
Une triade de symptômes invalidants pour une maladie rare et héréditaire
Créée en 2013, la journée française de la maladie de Huntington répond à quatre objectifs :
- Sensibiliser le grand public sur cette maladie souvent mal connue ;
- Mobiliser les acteurs concernés (chercheurs, structures de soins, acteurs institutionnels, patients et proches) ;
- Informer sur les avancées de la recherche ;
- Rassembler autour de démarches participatives.
La maladie de Huntington est une maladie neurologique rare, qui affecte en moyenne 10 personnes sur 100 000 individus. Héréditaire, elle est liée à des mutations sur le gène d’une protéine, la huntingtine. Les symptômes apparaissent généralement entre 35 et 50 ans, même si 10 % des patients développent des premiers symptômes avant l’âge de 20 ans.
Les symptômes de la maladie, provoquée par la neurodégénérescence, sont rapidement invalidants :
- Des troubles moteurs : des mouvements anormaux, brusques, saccadés, involontaires des bras et des jambes, des troubles de l’équilibre et une dysarthrie ;
- Des troubles cognitifs : un ralentissement du traitement des informations, des difficultés à planifier les actions, puis des troubles de la mémoire et de la concentration ;
- Des troubles psychiatriques : des troubles anxieux et dépressifs, mais aussi des troubles du comportement.
Une mutation du gène de la huntingtine qui altère le développement cérébral
La maladie de Huntington est due à une mutation du gène de la huntingtine, provoquée par l’expansion d’un motif CAG dans le gène. Cette expansion se transmet selon un mode autosomique dominant. Ainsi, une personne – homme ou femme – ayant un parent atteint de la maladie présente 50 % de risques d’être porteur de l’expansion et donc de développer la maladie. Plus le nombre de copies du motif CAG dans le gène est important, plus le risque de développer la maladie est élevé et plus la maladie peut se manifester précocement.
Mais quel est exactement le rôle de la huntingtine ? Cette protéine joue un rôle clé dans le développement cérébral, en régulant la migration des nouveaux neurones dans le cortex et leur morphologie. La huntingtine est produite dès la vie embryonnaire et assure un bon développement cérébral. Chez les personnes porteuses de la mutation, l’atteinte cérébrale pourrait donc survenir dès la vie in utero, des décennies avant l’apparition des premiers symptômes de la maladie de Huntington. Les chercheurs s’intéressent de près aux mécanismes physiopathologiques de la maladie et aux altérations cérébrales provoquées par la forme anormale de la protéine. Ils tentent notamment de comprendre comment le cerveau compense les défauts de migration neuronale dans les différents stades de la vie embryonnaire et pourquoi la maladie se déclenche bien des années plus tard.
Une recherche active pour tenter de freiner l’évolution de la maladie
Actuellement, il n’existe pas de traitement curatif de la maladie de Huntington. La prise en charge pluridisciplinaire s’axe sur différents traitements symptomatiques, pharmacologiques et non pharmacologiques :
- Des médicaments psychotropes (neuroleptiques, antidépresseurs) ;
- Des médicaments antiparkinsoniens (inhibiteurs dopaminergiques) ;
- La kinésithérapie ;
- L’orthophonie.
Une prise en charge psychosociale est déterminante, car la maladie est particulièrement invalidante.
Même si la maladie de Huntington est rare, elle est la pathologie liée à une expansion du triplet CAG la plus fréquente. Développer des solutions thérapeutiques contre cette maladie pourrait faire avancer la recherche sur d’autres maladies rares, comme les ataxies spinocérébelleuses. À travers le monde, environ une cinquantaine d’essais cliniques sont menés pour améliorer la prise en charge de la maladie de Huntington. Si la plupart de ces essais cliniques visent à évaluer de nouveaux traitements symptomatiques, des chercheurs explorent trois pistes pour ralentir – voire tenter de stopper – l’évolution de la maladie :
- La neuroprotection, notamment avec des résultats prometteurs publiés par des chercheurs français ;
- La modulation de l’expression du gène muté de la huntingtine : la thérapie génique basée sur un remplacement du gène muté n’est pas envisagée dans le traitement de la maladie de Huntington, les chercheurs préférant cibler l’expression du gène muté. La méthode des ciseaux génétiques, de type Crispr-Cas9, est notamment évaluée pour tenter de couper les motifs CAG surnuméraires ;
- La greffe de neurones ou la thérapie cellulaire, avec l’objectif d’implanter des cellules neuronales fonctionnelles dans les zones cérébrales touchées par la neurodégénérescence. Les premiers essais ont été compliqués par la survenue d’une réaction immunitaire de rejet des cellules implantées, que les chercheurs tentent désormais de décrypter.
La journée française de la maladie de Huntington est l’occasion de faire le point sur les recherches et les avancées. Les progrès de la thérapie cellulaire et génique laissent entrevoir de nouvelles solutions thérapeutiques dans les années à venir pour faire face à cette maladie neurodégénérative, qui touche 18 000 personnes en France.
Sources
- Institut du Cerveau. La maladie de Huntington. Consulté le 4 décembre 2024. https://institutducerveau.org/fiches-maladies/maladie-huntington
- INSERM. La huntingtine, un rôle clé dans le développement cérébral. 6 février 2017. https://www.inserm.fr/actualite/huntingtine-role-cle-dans-developpement-cerebral/
- INSERM. Maladie de Huntington. Vers des solutions thérapeutiques ? 16 septembre 2022. https://www.inserm.fr/dossier/huntington-maladie/