Écrans et réseaux sociaux, des jeunes Européens sous emprise 

Les risques et les dangers de l’exposition des enfants et des adolescents aux écrans suscitent de plus en plus l’inquiétude des autorités de santé publique, en France, en Europe et dans le monde. Récemment, c’est l’emprise des réseaux sociaux sur les jeunes Européens que met en avant l’Organisation Mondiale de la Santé. Une emprise aux multiples conséquences.

Les réseaux sociaux, une menace pour les jeunes Européens ?!

Une fois n’est pas coutume, les autorités de santé publique s’inquiètent de l’utilisation des réseaux sociaux par les adolescents. Dans une étude menée en 2022 et publiée par le bureau européen de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en septembre 2024, 11 % des jeunes Européens présentent une utilisation problématique des réseaux sociaux, contre 7 % en 2018. Ce chiffre est plus élevé chez les filles (13 %) que chez les garçons (9 %). Sous le terme “utilisation problématique” sont regroupés deux phénomènes : 

  • Des difficultés à contrôler l’utilisation des réseaux sociaux, des signes s’apparentant aux symptômes des pratiques addictives ;
  • Des conséquences négatives des réseaux sociaux sur la santé et la vie des adolescents. 

Le temps passé sur les réseaux sociaux détourne l’adolescent des apprentissages essentiels à son développement et son épanouissement physique, psychique et social. Il altère les capacités d’attention et peut donc impacter le parcours scolaire. Il peut également nuire à la santé mentale, avec l’apparition de signes d’anxiété ou de dépression. Les chiffres de l’utilisation problématique des réseaux sociaux peuvent ainsi faire écho à ceux publiés en octobre 2024 par l’OMS sur la santé mentale des adolescents. Dans le monde, un adolescent sur sept souffre d’un trouble mental, les plus fréquents étant l’anxiété, la dépression et les troubles du comportement. 

Un phénomène qui touche aussi les adolescents Français

En France, une commission d’experts, chargée de rédiger un rapport sur l’utilisation des écrans chez les enfants, a remis en avril 2024 au Président de la République le rapport “à la recherche du temps perdu”. Les experts s’y inquiètent des conséquences de la surexposition aux écrans sur la santé et le développement des enfants, des risques liés aux réseaux sociaux, en particulier chez les enfants et les adolescents vulnérables, et formulent 29 propositions d’actions concrètes. 

D’après des données publiées par Com&Kids en 2023, 78 % des adolescents munis d’un téléphone portable ont un compte sur au moins un réseau social. Le top 3 des réseaux sociaux plébiscités par les adolescents regroupe Instagram, suivi de Snapchat puis de TikTok. Ces réseaux sociaux font désormais partie de la vie quotidienne de nombreux adolescents, avec 40 % des 16-25 ans qui passent en moyenne 3 à 5 heures par jour sur les réseaux sociaux pour discuter avec leurs amis, partager des souvenirs, des photos, des vidéos ou d’autres contenus. 

Si chaque réseau social possède ses propres particularités, l’objectif est d’échanger et de s’amuser, mais les réseaux sociaux sont aussi le lieu de diffusion de contenus inappropriés pour les adolescents et la scène du cyberharcèlement. D’après une étude menée en 2022 par l’association e-enfance, un enfant ou adolescent (6-18 ans) sur cinq aurait déjà été exposé au cyberharcèlement sur les réseaux sociaux. De plus, les adolescents peuvent être exposés à des contenus offensants, malveillants ou explicites, et leurs données peuvent elles aussi faire l’objet d’un usage malveillant. 

Selon une enquête menée par l’OMS Europe, un jeune sur 6 – filles et garçons – déclare avoir été harcelé sur Internet, entre 2018 et 2022. Un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes. Parallèlement, un adolescent sur 8 avoue pratiquer lui-même le cyberharcèlement sur les réseaux sociaux. L’association e-enfance a d’ailleurs mis en place un numéro national pour les victimes de violences numériques : le 3018.

Autre risque lié aux réseaux sociaux, la dépendance aux écrans. À l’instar des jeux vidéos, certains adolescents se retrouvent dépendants des réseaux sociaux, délaissant leurs relations amicales, sociales et familiales, avec un impact majeur sur leur parcours scolaire et leur vie sociale. Sans compter que les réseaux sociaux renforcent le culte de l’image et la pression sociale qui s’y rattache. À une étape clé de la vie, où l’adolescent développe son image et sa personnalité, certains se voient fragilisés dans leur confiance en eux, au regard des standards véhiculés sur les réseaux sociaux. 

Des actions urgentes à mettre en place

Dans le rapport “à la recherche du temps perdu”, les experts préconisent entre autres de limiter l’accès des adolescents (entre 15 et 18 ans) aux seuls réseaux sociaux “éthiques”. Rappelons qu’aujourd’hui, l’accès aux réseaux sociaux est théoriquement limité aux adolescents de plus de 13 ans, avec un accord parental. Mais faut-il encore préciser ce qu’est un réseau social éthique. Le rapport souligne l’importance de lutter contre les réseaux sociaux conçus pour favoriser ou permettre les comportements addictifs ou enfermants. Mais dans les faits, les quelques réseaux sociaux considérés comme éthiques restent très confidentiels chez les jeunes. Sans compter que le contrôle de l’activité sur Internet et sur les réseaux sociaux reste très complexe à mettre en place. L’âge minimal de 13 ans pour s’inscrire sur un réseau social par exemple est contourné très facilement par de nombreux enfants et adolescents. 

La solution réside sans doute en partie dans l’éducation et la sensibilisation des adolescents aux risques liés aux réseaux sociaux. Le rôle des parents et de la communauté éducative serait alors crucial sur plusieurs aspects : 

  • Limiter le temps passé sur les réseaux sociaux et plus largement devant les écrans ;
  • Protéger ses données et ses contenus d’une utilisation malveillante ;
  • Connaître les risques associés aux réseaux sociaux ;
  • Adopter une attitude responsable et respectueuse sur les réseaux. 

Une communication et une surveillance parentale sont également fortement recommandées. Mais il faut aussi que les adultes montrent l’exemple. D’après des données publiées en 2024, près de 87 % des adultes utilisent au moins un réseau social et ils y passent en moyenne 1h48 par jour. 

Sources

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