Les causes de mortalité des Français en 2022

En parallèle du Panorama des cancers publié en septembre 2024 par l’Institut National du Cancer (INCa), la Direction de la recherche, des études et de l’évaluation des statistiques (DREES), l’INSERM et Santé publique France ont récemment publié des données et des rapports sur les causes de mortalité des Français en 2022. Des données qui dévoilent des tendances récentes, au lendemain de la pandémie de la Covid-19.

 

Cancers et maladies cardio-neuro-vasculaires toujours les deux principales causes de mortalité

En 2022, 673 190 décès ont été enregistrés en France, un chiffre en augmentation par rapport aux deux années précédentes, pourtant marquées par la pandémie de SARS-CoV2. L’augmentation est la plus marquée pour les sujets âgés de 85 ans et plus. Les cancers restent la première cause de mortalité, tous âges et sexes confondus, avec 25,5 % des décès. La seconde cause de mortalité reste les maladies cardio-neuro-vasculaires (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral (AVC), insuffisance cardiaque, etc.), avec 20,8 % des décès.

Globalement, l’âge des personnes décédées en 2022 était plus élevé qu’en 2021, avec des différences notables selon les causes. La mortalité par cancer touche en moyenne des personnes plus jeunes que les autres causes de mortalité. Ainsi, l’âge médian des patients décédés de cancer est de 75 ans, contre 83 ans en prenant les données toutes causes confondues. Les cancers impactent donc plus fortement l’espérance de vie que les autres causes de mortalité.

La mortalité par cancer, même si elle reste importante, poursuit sa tendance à la baisse (avec une stabilisation chez les femmes), tandis que la mortalité cardio-neuro-vasculaire confirme une légère tendance à la hausse (avec une stabilisation chez les hommes). La mortalité cardio-neuro-vasculaire est même supérieure aux prévisions établies à partir des données d’avant la crise sanitaire.

En 2022, les cancers les plus meurtriers sont les cancers qui touchent l’appareil respiratoire : le cancer de la trachée, le cancer bronchique et le cancer du poumon. Arrivent ensuite le cancer colorectal et le cancer de l’anus, puis le cancer du sein et le cancer du pancréas. Les progrès diagnostiques et thérapeutiques permettent d’améliorer la survie de nombreux cancers, mais parallèlement plusieurs cancers sont en hausse depuis des années. L’INCa alerte ainsi sur la hausse préoccupante de certains cancers chez les femmes, notamment le cancer du poumon et le cancer du pancréas.

Mode de vie, pollution atmosphérique, vieillissement de la population, … plusieurs facteurs contribuent à augmenter l’incidence des cancers. À l’opposé, les mesures de prévention, les stratégies de dépistage, les nouvelles techniques diagnostiques et les thérapies anticancéreuses innovantes contribuent à réduire la mortalité et le fardeau des cancers. 

 

La Covid-19 recule, mais les maladies respiratoires restent la 3ème cause de décès

En 2020, en plein cœur de la pandémie de SARS-CoV2, 69 000 décès avaient été imputés à la Covid-19, faisant de cette infection respiratoire la troisième cause de mortalité en France. En 2022, la mortalité liée à la Covid-19 a nettement régressé. Le nombre de décès a été réduit d’un tiers entre 2021 et 2022 et la Covid-19 est en 2022 la cinquième cause de décès en France.

Si la mortalité liée à la Covid-19 montre un net recul, les maladies respiratoires sont en hausse et deviennent la 3èmecause de mortalité en France, avec 6,7 % des décès. Des décès en forte hausse et touchant majoritairement des sujets âgés. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance :

  • Des épidémies de grippe saisonnière particulièrement virulentes ;
  • Un fardeau important des infections à VRS (Virus Respiratoire Syncitial) chez les sujets âgés.

 

La vaccination des personnes âgées et des personnes à risque contre la grippe saisonnière, contre la Covid-19 et désormais contre les infections à VRS, constitue un enjeu majeur de santé publique pour réduire la mortalité liée à ces infections. Alors que le nombre d’acteurs de la vaccination a été élargi, avec la vaccination par les sage-femmes, les infirmiers et les pharmaciens, les objectifs de vaccination sont encore loin d’être atteints.

 

Définir des politiques de santé publique à partir des données de mortalité

En dehors des trois principales causes de mortalité précédemment citées, les données collectées sur l’année 2022 montrent des tendances parfois éloignées des prévisions des épidémiologistes, notamment :

  • Une hausse majeure de la mortalité due aux causes externes (accidents de la route, accidents de la vie quotidienne, chutes, suicides, noyades, etc.), en particulier celle liée aux accidents. Cette mortalité augmente dans toutes les classes d’âge ;
  • Une hausse plus forte pour la mortalité liée aux maladies digestives, qui avait nettement régressé pendant la crise sanitaire ;
  • Une baisse plus soutenue des décès en établissement public de santé, compensée par une hausse des décès en EHPAD et à domicile.

 

Les données sur les causes de mortalité sont déterminantes pour établir des prévisions pour les années suivantes et cibler des thématiques de recherche et de développement pertinentes. Elles sont aussi capitales – avec les données d’incidence – pour définir des politiques de santé publique adaptées aux enjeux d’aujourd’hui et de demain.

 

Sources :

Partager