Tandis que le 8 mars est consacré à la journée internationale des femmes, le 19 novembre est la journée internationale de l’homme. Plus largement, cette journée s’inscrit dans le contexte de l’événement Movember, qui consacre le mois de novembre à la santé masculine.
Journée internationale de l’homme au cœur de Movember
Depuis 2003, le mouvement Movember sensibilise et agit pour la santé des hommes, avec pour symbole, la moustache. En 21 ans, plus de 1 325 projets autour de la santé des hommes ont pu être financés à travers le monde, grâce à ce mouvement. Les efforts se consacrent particulièrement à plusieurs sujets clés pour la santé masculine :
- Le cancer de la prostate ;
- Le cancer des testicules ;
- La santé mentale ;
- La prévention du suicide.
En France, le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l’homme (avec 59 885 nouveaux cas en 2018) et la troisième cause de décès par cancer (avec 9 200 décès en 2021). Comme le cancer de la prostate, le cancer des testicules est un cancer exclusivement masculin, responsable de 2 769 nouveaux cas en 2018.
Quant à la santé mentale des hommes, elle reste un sujet encore largement tabou, par rapport à la santé mentale des femmes. Pourtant, les chiffres sont alarmants. Les hommes ont un risque de suicide multiplié par 3 par rapport aux femmes, alors que 78 % des consultations psychologiques concernent des femmes d’après les chiffres renseignés par Doctolib. Les hommes sollicitent ainsi moins l’aide de professionnels pour diagnostiquer et prendre en charge leurs symptômes psychiques. D’où l’importance de sensibiliser les hommes sur ce thème.
Des hommes et des femmes inégaux en matière de santé
Longtemps, le monde de la santé a considéré indifféremment les hommes et les femmes, à l’exception des situations ou pathologies exclusivement féminines (cancers féminins, grossesse, ménopause, …) ou masculines (cancers masculins, hypertrophie bénigne de la prostate, dysfonction érectile). Depuis quelques années, les chercheurs et les médecins s’intéressent de près aux différences entre les hommes et les femmes, et à ce plusieurs niveaux :
- Les facteurs de risque de développer telle ou telle maladie ;
- Les symptômes, parfois différents ou ressentis différemment chez les hommes ;
- Le diagnostic ;
- Les traitements et les réponses à ces traitements ;
- L’impact psychologique des maladies.
Les études publiées révèlent des différences parfois très marquées entre les hommes et les femmes, par exemple dans les maladies cardiovasculaires. Les hommes présentent des particularités biologiques, physiologiques, comportementales et sociétales, qui les prédisposent à des problèmes de santé spécifiques. D’ailleurs, l’espérance de vie des hommes reste inférieure à celle des femmes (de l’ordre de 5 à 7 ans), même si l’écart tend à se réduire d’année en année. De nombreux spécialistes appellent les autorités de santé publique à adapter les stratégies de prévention, de diagnostic et de prise en charge en fonction du genre des patients.
La santé mentale des hommes reste un tabou
Pour l’opération Movember 2024, les organisateurs appellent à courir 60 kms – en une fois ou en plusieurs fois tout au long du mois – pour “bouger pour la santé mentale” des hommes. Un défi à la hauteur de l’enjeu. Les hommes sont encore largement sous-diagnostiqués et sous-traités par rapport à leurs souffrances psychologiques. Le premier obstacle à lever est d’ordre sociétal, avec une place et une image de l’homme au sein de la société peu propices à parler de ses souffrances psychiques. En témoigne par exemple l’insuffisance de reconnaissance et de prise en charge de la dépression post-natale du père. Pourtant, 10 % des pères français seraient confrontés à une dépression du post-partum au cours de la première année de vie de leur enfant, alors que tous les regards sont braqués sur la mère et son bébé.
Dès l’école, il est essentiel de mettre en place des actions préventives pour lever le tabou sur la santé mentale des hommes. Les jeunes garçons doivent pouvoir parler de leurs émotions, de leurs difficultés relationnelles, sans se sentir enfermés dans un stéréotype imposé par la société. Mais il faut également que l’offre de soins en santé mentale soit calibrée pour répondre aux besoins. La santé mentale des hommes correspond à un triple enjeu :
- un enjeu de santé publique, les chiffres parlent d’eux-mêmes puisque 75 % des suicides touchent des hommes ;
- un enjeu économique, lié au déploiement des parcours de soins en santé mentale ;
- un enjeu culturel et sociétal, qui interroge sur la représentation collective de la masculinité au XXIème siècle.
La journée internationale de l’homme et le mouvement Movember sont l’occasion de sensibiliser sur la santé masculine, ses particularités et ses enjeux.
Sources
- Institut National du Cancer. Panorama des cancers, édition 2024. https://www.e-cancer.fr/content/download/531860/8172141/file/Brochure_Panorama-2024_planches.pdf
- E. Severino. La Grande Conversation. Santé mentale et genre : un tabou masculin. 16 mai 2024. https://www.lagrandeconversation.com/societe/sante-mentale-et-genre-un-tabou-masculin/
- Les femmes vivent plus longtemps et en meilleure santé que les hommes, vraiment ? INSERM. Salle de Presse. 14 octobre 2024. https://presse.inserm.fr/canal-detox/les-femmes-vivent-plus-longtemps-et-en-meilleure-sante-que-les-hommes-vraiment/