Édition 2024 du Panorama des cancers : décryptage

D’après les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), en 2022, 20 millions de nouveaux cas de cancer et 9,7 millions de décès liés à un cancer ont été recensés dans le monde. En France, chaque année, l’Institut National du Cancer (INCa) publie le panorama des cancers, l’édition 2024 ayant été publiée en septembre 2024. Un tour d’horizon des données sur le cancer en France. 

 

Une incidence des cancers en hausse, une mortalité en baisse

Premier constat de ce panorama des cancers, les chiffres d’incidence constatés en 2023 ont dépassé les prévisions, avec 433 136 nouveaux cas de cancer en France. Les cancers représentent toujours la première cause de décès chez l’homme (90 900 en 2021) et la seconde chez la femme (71 500 en 2021). 

L’âge médian au diagnostic en 2023, tous cancers confondus, était de 70 ans chez les hommes et de 68 ans chez les femmes. Le vieillissement de la population française explique donc en partie la hausse des cas de cancers, avec en parallèle une amélioration du diagnostic. 

En termes d’incidence, les cancers les plus fréquents restent le cancer de la prostate chez les hommes (24 % des cas de cancer, en baisse de 1.1 %) et le cancer du sein chez les femmes (33 % des cas de cancer, en hausse de 0.3 %). Si le cancer du sein est également le plus meurtrier chez les femmes (18 % des décès), chez l’homme le cancer le plus meurtrier est le cancer du poumon (23 % des décès).  

Globalement, l’incidence des cancers tend à augmenter en lien avec les évolutions de la population française (augmentation de population, vieillissement de la population) et avec l’augmentation du risque de cancers (hausse des maladies métaboliques, influence du mode de vie, impact de la pollution environnementale). En revanche, grâce aux progrès diagnostiques et thérapeutiques, la mortalité est en recul depuis le début des années 2010. 

 

Les chiffres français sur le cancer, un reflet de la situation mondiale ?

À l’échelle mondiale, l’observatoire mondial du cancer publie régulièrement les données d’incidence et de mortalité des cancers à travers le monde. Des chiffres qui font écho à ceux du panorama des cancers. À travers le monde, le cancer du poumon est le cancer le plus fréquent en 2022 (2.5 millions de cas), mais aussi le plus meurtrier (1.8 millions de décès). Le cancer du sein arrive en seconde position en termes d’incidence (2.3 millions de cas), tandis qu’en termes de mortalité, c’est le cancer colorectal qui représente la seconde cause de mortalité par cancer (900 000 décès). En différenciant les chiffres selon le sexe, les données mondiales suivent la même tendance que les données françaises. 

En France comme dans le monde, les experts estiment que le fardeau des cancers devrait encore augmenter d’ici à 2050. À l’échelle mondiale, l’OMS prévoit une augmentation de 77 % du nombre de nouveaux cas de cancer, par rapport aux 2.5 millions recensés en 2022. Parmi les facteurs évitables de cancers, les quatre principaux sont : 

  • Le tabac ;
  • L’alcool ;
  • L’obésité ;
  • La pollution atmosphérique. 

 

Face à la hausse prévue des cancers, et malgré les progrès diagnostiques et thérapeutiques, la lutte contre les cancers doit s’intensifier en France et dans le monde, notamment en agissant sur ces facteurs de risque évitables du cancer.  

 

La stratégie décennale 2021-2030, incontournable pour renforcer la lutte contre le cancer en France

En France, la lutte contre le cancer s’organise autour d’une stratégie nationale, associée à une feuille de route pour coordonner l’ensemble des actions. La stratégie nationale décennale 2021-2030 se fixe justement des ambitions fortes face à ces cancers évitables. D’après la feuille de route nationale 2021-2025, au moins 40 % des cancers sont évitables, soit environ 153 000 cancers par an. La stratégie vise un objectif de réduire de 60 000 cas par an ces cancers évitables à l’horizon 2040. 

Mais lutter contre les facteurs de risque évitables du cancer ne suffit pas. Des progrès thérapeutiques sont parallèlement attendus sur deux fronts principaux : 

  • La lutte contre les cancers de mauvais pronostic ou d’évolution défavorable ;
  • La réduction des séquelles des traitements et l’amélioration de la qualité de vie des patients pendant et après le cancer. 

 

Le développement des thérapies ciblées depuis quelques années vise notamment à répondre à ces deux objectifs, et elle implique une nécessaire coordination nationale, européenne et mondiale en matière de recherche et d’innovation. La question de l’accès aux thérapies innovantes se pose également, plus particulièrement dans les pays à faible revenu, mais aussi en France, où des inégalités persistantes sont observées entre les territoires et en fonction des conditions socio-économiques. 

Les derniers chiffres sur les cancers en France et dans le monde témoignent de la nécessité d’une lutte coordonnée contre le cancer à travers le monde, mais aussi d’actions fortes pour réduire le fardeau des cancers évitables, sur lesquels chacune et chacun peut agir individuellement et collectivement. 

Sources 

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