Le secteur pharmaceutique, un moteur pour l’économie européenne ?!

L’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, alerte sur un affaiblissement progressif de l’économie européenne sur les 25 dernières années. Dans un rapport de 400 pages, remis en septembre 2024, il examine un à un les secteurs économiques et leur capacité à relancer l’économie européenne. Et le secteur pharmaceutique apparaît comme l’un des candidats les plus prometteurs… 

 

Une économie européenne fragilisée par rapport aux géants américains et chinois

Alors que le rebond économique mondial post-Covid a rapidement laissé la place à une croissance mondiale affaiblie, l’économie européenne se montre à la peine face aux géants américains et chinois. Sur les 25 dernières années, le revenu réel disponible par habitant a augmenté deux fois plus vite aux USA qu’en Europe et la concurrence chinoise renforce cette tendance d’année en année. Selon le rapport remis par Mario Draghi, les règles de concurrence européennes favorisent les importations, fragilisant d’autant les industries européennes. Pour maintenir l’économie européenne compétitive, il faudrait rapidement augmenter les investissements de 750 à 800 milliards d’€ par an. 

Parmi les secteurs économiques qui pourraient relancer l’économie européenne, le rapport cible l’industrie pharmaceutique. Actuellement, le secteur pharmaceutique européen reste leader mondial, en termes de valeur des échanges. Mais il commence à montrer quelques signes de faiblesses : 

  • Il est en perte de vitesse par rapport à d’autres pays sur les segments de marché les plus dynamiques, notamment les médicaments biologiques et les médicaments destinés au traitements des maladies rares ;
  • Il perd régulièrement des parts de marchés au profit d’entreprises américaines.

Le secteur pharmaceutique, une bonne option pour booster l’économie européenne ?

L’Europe doit redevenir un lieu privilégié pour la recherche clinique, le développement et la fabrication de nouvelles solutions diagnostiques, de nouvelles thérapies et de nouveaux vaccins. Actuellement, le secteur pharmaceutique européen est impacté par deux phénomènes complémentaires, d’une part des investissements insuffisants dans la recherche et l’innovation, et d’autre part des contraintes fortes imposées par les autorités de régulation. Le secteur public de la R&D pharmaceutique européenne représente environ la moitié du secteur public américain. Dans le secteur privé, l’écart est encore plus flagrant, avec des investissements privés qui ne représentent que le quart de ceux effectués aux USA. Parallèlement, le délai moyen d’approbation d’un nouveau médicament aux USA est de 334 jours, contre 430 en Europe, avec de fortes disparités selon les pays européens. Les USA devancent presque systématiquement l’Europe dans l’approbation d’un nouveau médicament, tout en offrant le premier marché mondial. 

Mais ce rapport ne fait pas que constater la situation, il fournit également des pistes pour relancer le secteur pharmaceutique et par là-même l’économie européenne. Il est déterminant de proposer une nouvelle stratégie européenne pour l’industrie pharmaceutique, sous la supervision de la Commission Européenne, et de relancer l’innovation. Des propositions saluées par la Fédération européenne des associations et industries pharmaceutiques (EFPIA)

Recherche et investissements, les deux clés de la réussite du secteur pharmaceutique

Parmi les pistes présentées pour maintenir la position de leader mondial du secteur pharmaceutique européen, figure notamment l’accès aux données de santé pour la recherche clinique. Cet accès représente un enjeu essentiel pour le développement des outils d’intelligence artificielle (IA) en santé, et plus largement pour la dynamique des essais cliniques. L’adoption inégale du règlement RGDP sur le territoire européen freine le développement et le déploiement de ces outils. 

Parallèlement, l’Europe ne doit absolument pas rater la révolution numérique de la santé qui est en marche. Il faut accélérer la numérisation des systèmes de santé et de l’espace européen des données de santé. Parallèlement, il faut renforcer l’attractivité européenne à deux niveaux : 

  • pour la recherche clinique en facilitant la réalisation d’essais cliniques et la mise sur le marché européen des nouveaux médicaments ;
  • pour les investissements dans le secteur pharmaceutique en recentrant les financements sur un nombre réduit de centres d’innovation de rang mondial. 

Parvenir à renforcer le secteur pharmaceutique européen pourrait être un pari gagnant pour l’économie européenne. En effet, le marché pharmaceutique mondial continue de croître depuis la fin de la pandémie de Covid-19. Il devrait atteindre 1 900 milliards de dollars d’ici 2027 et le vieillissement de la population ne devrait pas freiner cette tendance. Parmi les 10 plus gros marchés pharmaceutiques mondiaux, 4 (Allemagne, France, Italie et Espagne) sont européens, mais le premier marché européen, l’Allemagne, n’arrive qu’en 4ème position derrière les USA, la Chine et le Japon. Il faut donc que le secteur pharmaceutique européen redevienne compétitif sur son propre marché, mais devienne aussi plus agressif sur les trois premiers marchés mondiaux. 

En Europe, certains pays ont encore un accès difficile aux nouveaux médicaments et aux thérapies ultramodernes. Le marché pharmaceutique européen devrait croître plus en valeur qu’en volume dans les prochaines années (en lien avec l’accès aux médicaments coûteux). Une opportunité que ne doit pas rater le secteur pharmaceutique européen pour reconquérir son marché et relancer l’économie européenne – avant si possible de conquérir d’autres marchés en expansion dans le monde, notamment dans les pays émergents. 

 

Sources 

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