Journée mondiale du cancer du sein

Au cœur de l’opération Octobre rose, est organisée le 19 octobre la journée mondiale du cancer du sein. Et pourtant, ce n’est pas la seule journée mondiale consacrée à ce cancer, car le 3 mars est la journée mondiale du cancer du sein triple négatif. Derrière le terme générique de cancer du sein, se cachent différents types de cancers, parfois difficiles à décrypter pour les patients. 

 

Pas un, mais des cancers du sein !

S’informer sur le cancer du sein ou recevoir un diagnostic de cancer du sein implique de comprendre toute une série de termes, en apparence bien compliqués. Cancer du sein HER2+, cancer du sein triple négatif, mutations BRCA1 et 2, … que signifient exactement ces termes et qu’impliquent-ils en termes de pronostic et de prise en charge ?

La première distinction entre les cancers du sein repose sur leur dépendance aux hormones. Environ 80 % des cancers du sein sont dits hormonodépendants, c’est-à-dire que les cellules tumorales expriment des récepteurs aux hormones œstrogènes et/ou à la progestérone. Les cancers du sein hormonodépendants sont généralement de bon pronostic, même si certains sont plus agressifs que d’autres. Sensibles à l’action des hormones, ces cancers sont généralement traités par hormonothérapie après la chirurgie et une première phase de chimiothérapie et/ou de radiothérapie. 

À l’opposé des cancers du sein hormonodépendants, se trouvent les cancers du sein triple négatif. Ces tumeurs n’expriment ni les récepteurs aux hormones, ni le récepteur HER2. C’est ce type de cancer qui apparaît chez les femmes jeunes, présentant une prédisposition génétique (notamment des mutations sur les gènes BRCA1 et 2). Ces cancers sont plus rares, car ils ne concernent que 10 % des patients, mais les solutions thérapeutiques efficaces manquent encore actuellement pour augmenter les chances de guérison. La recherche est très active sur ces cancers, qui font l’objet de leur propre journée mondiale, le 3 mars.  

Enfin, les cancers HER2+, surexprimant les récepteurs de la protéine HER2 (protéine impliquée dans la régulation de la prolifération cellulaire), sont considérés comme des cancers du sein agressifs. Ces dernières années, le pronostic de ces cancers s’est amélioré grâce à l’arrivée de l’immunothérapie et des autres thérapies ciblées. 

 

L’immunothérapie, une révolution dans la prise en charge des cancers du sein

L’importante diversité des cancers du sein nécessite une approche thérapeutique personnalisée, en fonction du type de cancer et de son stade d’évolution. Si les protocoles thérapeutiques des cancers du sein hormonodépendants ont relativement peu évolué au cours des dernières années, la prise en charge des cancers triple négatif et HER2+ a considérablement changé, grâce à l’arrivée entre autres de l’immunothérapie. 

Face à ces cancers, généralement agressifs, sur lesquels l’hormonothérapie n’a pas d’effet, la combinaison de la chirurgie, de la radiothérapie et de la chimiothérapie restait souvent insuffisante. L’arrivée des premiers anticorps monoclonaux a permis une amélioration de la survie des patients. Comment agissent ces nouveaux médicaments ? Les cellules tumorales sont capables d’inhiber le système immunitaire pour éviter d’être reconnues et détruites comme des cellules anormales ou étrangères. Certains médicaments d’immunothérapie parviennent à contourner cette action et stimulent le système immunitaire pour qu’il reconnaisse et détruise les cellules tumorales. Ce mécanisme s’applique d’ailleurs à une large palette de cancers, et pas uniquement au cancer du sein. 

Dans le cancer du sein plus spécifiquement, il est possible de combiner la radiothérapie et l’immunothérapie pour renforcer l’action des deux thérapies anticancéreuses. Une combinaison utilisée dans les cancers du sein avancés métastatiques. 

Pour les cancers du sein HER2+, ont également été développés des anticorps monoclonaux capables de cibler spécifiquement les cellules surexprimant les récepteurs HER2. Actuellement, deux anticorps sont disponibles, le trastuzumab et le pertuzumab. Pour aller plus loin, des chercheurs ont combiné le trastuzumab à un médicament de chimiothérapie. La chimiothérapie est alors délivrée directement au niveau de la cellule tumorale, ce qui augmente son efficacité sur les cellules tumorales et réduit sa toxicité sur les cellules voisines. 

  

Affiner le diagnostic et la prise en charge pour améliorer pronostic et qualité de vie

Si les alternatives thérapeutiques contre les cancers du sein se sont multipliées ces dernières années, les chercheurs et les médecins s’attachent également à affiner le diagnostic et les protocoles de soins. 

L’analyse des caractéristiques histologiques et moléculaires des cellules tumorales conditionne la prise en charge. Récemment, des chercheurs ont découvert un nouveau marqueur du cancer du sein, les cellules tumorales circulantes ou CTC. Ce marqueur est un reflet du pronostic du cancer, puisqu’il représente la capacité de la tumeur à former des métastases. Ainsi, le dosage de ces cellules tumorales circulantes permet aujourd’hui de mieux définir la prise en charge thérapeutique et ainsi d’améliorer la survie des patients. Par ailleurs, des analyses de biologie moléculaire, les signatures génomiques, permettent également d’anticiper la réponse des patients à certains traitements. 

Ces marqueurs et outils prédictifs sont devenus essentiels pour déterminer les meilleurs traitements à choisir au sein de l’arsenal thérapeutique pour chaque patient, en fonction de son profil et des caractéristiques de sa tumeur. Ces outils, en perpétuelle évolution et dont l’essor est étroitement lié au développement de l’IA, permettent non seulement d’améliorer le pronostic et la survie, mais aussi d’éviter une escalade thérapeutique et de limiter certains effets secondaires. 

Lutter contre le cancer du sein implique de découvrir et de développer de nouvelles thérapies, mais aussi de mettre au point les outils et les techniques permettant d’affiner les protocoles de soins et de personnaliser la prise en charge pour améliorer la survie et la qualité de vie des patients. 

 

Sources

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