Surpoids et obésité, quelles mesures face à ce fléau ?

Si le risque d’une nouvelle pandémie inquiète les autorités de santé publique, un autre fléau menace la santé mondiale et n’est pas lié à un agent pathogène. Ce fléau, c’est la hausse du surpoids et de l’obésité à travers le monde. D’après les données de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la prévalence mondiale de l’obésité a triplé entre 1975 et 2016. Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), l’impact sanitaire de l’obésité pourrait entraîner une réduction de l’espérance de vie mondiale de 0,9 à 4,2 ans au cours des 30 prochaines années. Quelles sont les politiques mises en œuvre par les autorités de santé publique pour prévenir l’obésité ? Dans un baromètre publié en juillet 2024, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a dressé un panorama des politiques de prévention mises en œuvre en Europe.

Le surpoids et l’obésité, un fléau mondial

Le surpoids et l’obésité sont définis par des valeurs d’indice de masse corporelle (IMC) respectivement supérieures à 25.0 kg/m2 et à 30.0 kg/m2. L’ensemble des études menées ces dernières années ont clairement établi un lien entre l’obésité et un grand nombre de pathologies chroniques, impactant la santé physique et mentale : le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, les maladies métaboliques, les problèmes articulaires, certains cancers ou encore des troubles psychologiques.

Partout dans le monde, les chiffres du surpoids et de l’obésité flambent depuis plusieurs décennies. Si la situation aux USA est particulièrement critique avec plus de 70 % de la population en surpoids, l’Europe mais aussi tous les pays industrialisés et même les pays en voie de développement connaissent une hausse significative des chiffres du surpoids et de l’obésité, y compris chez les jeunes. En 2019, plus de la moitié de la population européenne âgée de 20 à 69 ans était en surpoids ou obèse, avec des chiffres plus élevés dans les pays de l’Est de l’Europe. Les hommes sont plus sujets au surpoids que les femmes, tandis que l’obésité touche de manière similaire les hommes et les femmes. En France, 16 % des femmes et 14 % des hommes sont obèses. Différents facteurs déterminent le surpoids et l’obésité, notamment l’âge, les facteurs socio-économiques, les habitudes de vie et l’environnement.

L’obésité est une pathologie chronique, multifactorielle qui implique des facteurs génétiques et environnementaux. La pierre angulaire de la prévention et de la prise en charge de la surcharge pondérale reste les mesures hygiéno-diététiques :

  • Une alimentation saine, diversifiée et équilibrée ;
  • La pratique d’une activité physique régulière ;
  • La lutte contre la sédentarité ;
  • La limitation de la consommation d’alcool ;
  • L’arrêt du tabac.

Mais ces mesures ne suffisent pas toujours !

De la chirurgie bariatrique aux nouveaux médicaments de l’obésité

Sleeve gastrectomy, bypass gastrique, … différentes techniques de chirurgie bariatrique ont été développées pour prendre en charge les formes les plus sévères d’obésité, lorsque les mesures hygiéno-diététiques restaient insuffisantes. Parallèlement à la hausse des chiffres de l’obésité, le recours à la chirurgie bariatrique a connu une forte augmentation ces dernières années. D’après les chiffres publiés par la DREES en 2018, le nombre d’interventions de chirurgie bariatrique en France a été multiplié par plus de 20 en à peine 20 ans, passant de 2 800 en 1997 à 59 300 en 2016. Dans 80 % des cas, les patients sont des femmes. Si la majorité des patients opérés est âgée de 25 à 54 ans, la part des enfants opérés tend à augmenter au fil des années.

Depuis longtemps, les chercheurs tentent de développer des médicaments pour lutter contre le surpoids et l’obésité. Les rares médicaments développés se sont le plus souvent révélés peu efficaces et/ou associés à d’importants effets secondaires. Ces dernières années ont été marquées par l’arrivée sur le marché d’une nouvelle génération de médicaments contre l’obésité, les analogues du GLP-1 (Glucagon-Like Peptide-1). Développés initialement pour le traitement du diabète de type 2, ces médicaments imitent une hormone de l’organisme, avec des actions intéressantes sur la satiété, le rassasiement et le tissu graisseux. Rapidement, les essais cliniques ont mis en évidence l’intérêt potentiel de ces médicaments dans la prise en charge du surpoids et de l’obésité.

Plusieurs analogues du GLP-1 sont d’ores et déjà disponibles sur le marché américain où ils sont clairement présentés comme des médicaments coupe-faim et associés à une très forte demande. En France, un seul médicament est à ce jour disponible et est réservé aux patients atteints d’obésité massive (IMC > 40 kg/m2) avec au moins une comorbidité associée au poids. Il fait l’objet d’une surveillance rapprochée de l’ANSM en raison d’un risque majeur de mésusage. D’autres médicaments de l’obésité pourraient prochainement être disponibles sur le marché européen et français. Ces médicaments, capables d’induire une perte de poids forte et durable, pourraient-ils freiner l’épidémie d’obésité qui frappe le monde ?

Quelles mesures de politiques publiques pour lutter contre le surpoids et l’obésité ?

Promouvoir les principes d’une alimentation saine et équilibrée, l’intérêt d’une activité physique régulière ou les dangers de la sédentarité et du tabac constituent le socle des politiques publiques en matière de lutte contre le surpoids et l’obésité. Mais ces initiatives, déployées de manière diverse selon les pays, ne suffisent pas à elles seules à enrayer la progression de la surcharge pondérale.

En Europe, différentes mesures de politiques publiques ont été mises en place pour lutter contre le surpoids et l’obésité. La DREES a dressé un panorama de ces mesures en juillet 2024. La revue de littérature scientifique souligne les mesures les plus efficaces, notamment :

  • L’interdiction de la publicité pour les aliments gras, salés et sucrés ;
  • L’étiquetage nutritionnel des aliments ;
  • La taxation des boissons sucrées.

En France, l’étiquetage nutritionnel des aliments repose sur le Nutri-Score, qui a récemment évolué pour mieux informer les consommateurs et les guider dans leurs choix nutritionnels. Mais les industriels ne sont à ce jour pas obligés d’afficher le Nutri-Score sur les emballages. Par ailleurs, d’autres mesures peinent encore à faire leurs preuves, entre autres les pauses actives à l’école et l’augmentation du temps consacré à l’éducation physique et sportive.

Malgré les différentes politiques de santé publique et l’essor des médicaments de l’obésité et de la chirurgie bariatrique, la flambée de surpoids et d’obésité continue de progresser en Europe et dans le monde. Dans certains contextes, la surcharge pondérale a désormais dépassé le fardeau sanitaire du tabagisme. Les politiques publiques de prévention et de prise en charge devront certainement aller encore plus loin pour lutter plus efficacement contre l’obésité et les maladies associées.

Sources

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