20 septembre 2024 : journée européenne de la prostate

L’Association Européenne d’Urologie (AEU) organise le 20 septembre de chaque année la journée européenne de la prostate. Son objectif, sensibiliser le grand public, mais aussi les acteurs de santé sur les différentes pathologies qui peuvent affecter la prostate et donc la santé des hommes. Ce temps fort est le premier consacré à la prostate, avant l’opération Movember, menée chaque mois de novembre pour sensibiliser sur les cancers masculins, dont le cancer de la prostate.

 

La prostate, un enjeu majeur de santé masculine

La prostate, organe exclusivement masculin, peut être le siège de différents dysfonctionnements ou pathologies qui affectent plus ou moins sévèrement la santé des hommes. Deux affections chroniques occupent le devant de la scène :

  • L’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) encore appelée l’adénome prostatique ;
  • Le cancer de la prostate.

L’hypertrophie bénigne de la prostate correspond en réalité à une évolution physiologique de la prostate avec l’âge. À partir de 50 ans, la prostate augmente de volume et exerce une pression sur l’urètre entraînant des signes urinaires parfois gênants, notamment une pollakiurie nocturne et des mictions plus fréquentes. L’adénome prostatique est considéré comme pathologique, uniquement lorsque les symptômes impactent fortement la santé et la qualité de vie des hommes, par exemple lorsqu’il provoque des infections urinaires à répétition ou qu’il contribue à la dysfonction érectile.

À l’image du cancer du sein chez les femmes, le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes avec près de 60 000 nouveaux cas recensés en 2023, d’après le Panorama des Cancers 2023 de l’Institut National du cancer (INCa). Le cancer de la prostate est généralement associé à un pronostic favorable dans les stades précoces, puisque la survie nette des patients s’est considérablement améliorée au fil des années atteignant 93 % à 5 ans pour les hommes diagnostiqués entre 2010 et 2015.

Ce pronostic favorable s’explique à la fois par une amélioration du diagnostic et par l’arrivée sur le marché de nouveaux traitements. Désormais, 8 hommes sur 10 sont diagnostiqués précocement, au stade localisé de la tumeur prostatique. Parallèlement, l’arsenal thérapeutique contre le cancer de la prostate s’est élargi ces dernières années, avec l’arrivée et l’essor des thérapies ciblées. L’hormonothérapie et l’immunothérapie offrent désormais de nouvelles perspectives de prise en charge pour des tumeurs prostatiques de stade avancé, parfois de mauvais pronostic. D’autres avancées thérapeutiques majeures sont également disponibles pour les tumeurs métastatiques, avec les médicaments radiopharmaceutiques, qui offrent la possibilité d’irradier les cellules tumorales de manière ciblée, grâce à une molécule vectrice.

 

Le PSA, un dosage redouté de tous les hommes

Les pathologies de la prostate sont généralement associées à l’élévation d’un marqueur prostatique, le PSA (Prostate Specific Antigen). Le PSA est une protéine, naturellement présente dans le sang des hommes et en grande quantité dans le liquide séminal. Malgré les idées reçues, un taux élevé de PSA n’est pas forcément synonyme d’un cancer. Le taux de PSA est en effet augmenté également dans l’hypertrophie bénigne de la prostate, et il varie aussi avec l’âge ou lors de certains traitements médicamenteux. D’une certaine manière, le taux de PSA est une sorte de baromètre de la santé prostatique, mais il ne permet pas à lui seul de diagnostiquer une anomalie de la prostate.

Dans le cancer de la prostate, le taux de PSA est souvent augmenté, mais dans 10 % des cas, le taux de PSA reste dans les valeurs normales chez les patients avec une tumeur prostatique.

En France, il n’existe pas de stratégie nationale de dépistage organisé du cancer de la prostate, comme il en existe pour le cancer colorectal ou le cancer du sein. Le dosage du PSA n’est pas recommandé chez les hommes en routine, mais il est indiqué chez les sujets à risque ou si l’homme se plaint de signes évocateurs d’une pathologie prostatique. Un taux de PSA élevé amène ensuite le médecin à prescrire d’autres examens complémentaires : toucher rectal, examens d’imagerie, biopsies prostatiques, autres analyses de sang, …. À lui seul, le PSA n’est qu’une indication pour rechercher une éventuelle anomalie.

 

Surdiagnostic et surtraitement du cancer de la prostate ?

Au fil des années, avec le recours généralisé au dosage du PSA, un nombre croissant de spécialistes se sont interrogés sur un risque de surdiagnostic et potentiellement de surtraitement des cancers de la prostate. La capacité à détecter des tumeurs de plus en plus précoces pose la question de l’évolution de ces tumeurs sans traitement. Fallait-il systématiquement traiter un patient présentant une tumeur localisée ? Dès 2013, des chercheurs de l’INSERM ont publié une étude montrant que le surdiagnostic et le surtraitement des cancers de la prostate en France était une réalité. Or le surtraitement peut avoir des conséquences importantes sur la santé des hommes, avec un risque d’incontinence urinaire et de dysfonction érectile.

Ces constats ont amené les sociétés savantes et particulièrement l’Association Française d’Urologie (AFU) à revoir les recommandations de diagnostic et de prise en charge du cancer de la prostate. Le recours à l’IRM permet aujourd’hui de mieux détecter les lésions cancéreuses et d’éviter des biopsies inutiles. Pour limiter les risques de surtraitement, certains patients diagnostiqués pour une tumeur localisée de la prostate se voient proposer une phase de surveillance active, sans l’initiation immédiate d’un traitement. Cette phase permet de suivre l’évolution de la tumeur naissante et de mettre en place une prise en charge adaptée le cas échéant, sans impacter le pronostic du patient.

Hypertrophie bénigne de la prostate et cancer de la prostate sont des enjeux clés pour la santé masculine. Des enjeux qui mobilisent la communauté scientifique et médicale pour développer de nouveaux traitements plus efficaces et plus sûrs.

Sources

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