Sobriété médicamenteuse, le bon médicament au bon moment !

Sobriété médicamenteuse

 

Depuis 2018, la France a perdu sa position de championne d’Europe de la consommation de médicaments, mais elle reste encore placée en seconde position derrière l’Allemagne. Si les médicaments sont essentiels dans de nombreux contextes, ils doivent être utilisés à bon escient. Les Entreprises du Médicament (LEEM), l’organisation professionnelle des entreprises du médicament en France, lance une campagne de sensibilisation sur la sobriété médicamenteuse.

 

Une sobriété basée sur le bon usage des médicaments

Les médicaments font partie de notre quotidien, pour prévenir des maladies, soulager certains symptômes ou traiter différents problèmes de santé. En France, en 2021, plus de 13 000 médicaments différents étaient vendus dans les officines pour un chiffre d’affaires total de 22,8 milliards d’euros. Utilisés à bon escient, ces médicaments préservent notre santé, mais utilisés de manière inappropriée, ils peuvent être associés à des effets néfastes pour la santé des Français et pour l’environnement. Sans parler de l’impact économique sur le système de santé.

Ce sujet du bon usage des médicaments est particulièrement médiatisé pour les antibiotiques. Chaque Français a en tête le message relayé par les campagnes de sensibilisation de l’Assurance maladie : “Les antibiotiques c’est pas automatique”. Pourtant, la France reste à ce jour le 5ème pays le plus consommateur d’antibiotiques en Europe, en lien avec un mésusage encore trop fréquent de ces médicaments. Cette surconsommation d’antibiotiques favorise le développement de l’antibiorésistance – la résistance des bactéries aux antibiotiques – à l’origine en France en 2019 de plus de 100 000 infections bactériennes et de 4 480 décès, selon les données publiées par Santé Publique France.

Si le bon usage des antibiotiques est un enjeu majeur de santé publique, d’autres contextes de surmédication sont pointés du doigt par le LEEM, en particulier la polymédication des personnes âgées.

 

La polymédication des séniors, un enjeu pour la sobriété médicamenteuse ?!

En mai 2024, le LEEM a missionné ODOXA pour réaliser une enquête sur l’utilisation des médicaments chez les séniors. Au total, l’enquête a porté sur 1 700 Français, dont 1 000 âgés de plus de 65 ans. Près de la moitié des personnes de plus de 65 ans sont des patients polymédiqués, avec au moins 5 médicaments par jour. Or la prise concomitante de plus de 5 principes actifs médicamenteux par jour est associée à un risque accru d’interactions médicamenteuses, de survenue d’effets indésirables et d’erreurs de prise. La mauvaise utilisation des médicaments entraînerait chaque année en France plus de 200 000 hospitalisations et environ 10 000 décès.

Réduire la consommation de médicaments chez les personnes âgées est un enjeu majeur de santé publique, à plusieurs titres :

  • Pour la santé du patient lui-même en premier lieu ;
  • Pour l’impact organisationnel et économique sur le système de santé ;
  • Pour l’impact environnemental, lié à la production puis à l’élimination des médicaments de l’environnement (certains médicaments constituent des polluants éternels notamment dans les eaux souterraines).

 

La polymédication des personnes âgées résulte de plusieurs mécanismes imbriqués. Ces patients sont le plus souvent atteints de plusieurs pathologies chroniques, chacune d’elles faisant l’objet d’une prescription d’un ou plusieurs spécialistes. Mais ils ont aussi parfois recours à l’automédication. Au final, d’après une enquête de la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) publiée en 2017, entre 30 et 40 % des patients de plus de 75 ans prenaient en 2015 au moins 10 médicaments par jour. Désormais, les pharmaciens peuvent proposer aux patients de plus de 65 ans des bilans de médication, justement pour faire le point sur la consommation de médicaments et pointer du doigt les interactions médicamenteuses.

 

Un programme de sobriété médicamenteuse inscrit dans la loi de Financement de la Sécurité Sociale 2024

Si la polymédication apparaît criante chez les séniors, la surmédication touche également d’autres catégories de personnes, notamment les enfants et les personnes atteintes de pathologies chroniques.

L’objectif du LEEM sur la sobriété médicamenteuse est triple, sanitaire, économique et écologique. Pour l’atteindre, l’organisation professionnelle s’appuie sur quatre actions clés déployées à partir de juin 2024 :

  • Une campagne de sensibilisation et d’information des médecins sur le sujet de la polymédication des séniors ;
  • Un soutien à la formation en ligne des médecins généralistes ;
  • Un dispositif d’accompagnement de la prescription des personnes âgées pour les médecins généralistes ;
  • Une campagne de communication grand public, baptisée “réduisons le volume”.

 

D’autres actions seront déployées en 2025 sur la lutte contre l’antibiorésistance et la lutte contre le gaspillage de médicaments. Un autre thème fort en matière de sobriété médicamenteuse, puisque l’Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM) estime qu’un Français gaspille 1,5 kg de médicaments par an, soit environ un médicament sur deux rangé au fond d’une armoire à pharmacie. Avec ce plan coordonné par le LEEM, l’Assurance maladie espère réaliser à terme 300 millions d’euros d’économies. Sans parler du gain individuel en matière de santé !

Sources

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