Le paludisme est l’un des grands fléaux mondiaux. En 2022, cette maladie vectorielle a touché 249 millions de personnes et provoqué 608 000 décès dans 85 pays à travers le monde. Depuis 2007, le 25 avril est dédié chaque année à la journée mondiale de lutte contre le paludisme, le World Malaria Day.
L’Afrique, la région du monde la plus touchée par le paludisme
Actuellement, les cas et les décès liés au paludisme se concentrent sur un continent, l’Afrique. En 2022, elle rassemblait à elle seule 94 % des cas de paludisme et 95 % des décès, sachant que 80 % des décès concernaient des enfants de moins de 5 ans. En comparaison, l’Europe ne compte que quelques cas d’importation, environ 5 500 cas en France chaque année. Pour autant, la vigilance doit rester de mise partout dans le monde. Alors qu’un vaste plan avait réussi à réduire fortement l’impact du paludisme en Amérique du sud, la tendance pourrait s’inverser. En Guyane, sept fois plus de cas de paludisme ont été recensés en 2023, par rapport à l’année 2022.
Au niveau mondial, la lutte contre le paludisme fait l’objet d’une stratégie mondiale de lutte coordonnée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le programme mondial de lutte antipaludique s’appuie sur la stratégie mondiale définie pour la période 2016-2030, qui a été réactualisée en 2021. Les actions mises en place se déclinent en quatre axes principaux :
- La prévention, principalement axée sur la lutte antivectorielle. Rappelons que le paludisme est une maladie transmise par les piqûres de moustiques du genre Anopheles. Les parasites appartiennent au genre Plasmodium, et 5 espèces (Plasmodium falciparum, vivax, P. ovale, P. malariae, P. knowlesi) provoquent le paludisme chez l’homme avec des sévérités variables selon les espèces.
- La prise en charge du paludisme, et notamment des formes graves de paludisme survenant chez des populations fragiles (jeunes enfants, femmes enceintes, sujets immunodéprimés, …).
- L’élimination du paludisme. Le 6 mars 2024, les ministres africains de la santé se sont engagés à mettre en place des actions pour mettre fin aux décès liés au paludisme dans la région africaine ;
- La surveillance du paludisme, les données épidémiologiques recueillies à travers le monde permettant de définir les stratégies à mettre en place.
Vacciner pour mettre fin au paludisme ?
Si la lutte antivectorielle a longtemps été la principale mesure de lutte à grande échelle contre le paludisme, l’arrivée d’un vaccin a marqué un véritable tournant ces dernières années. Mais attention, le vaccin RTS,S/AS01, recommandé depuis octobre 2021 par l’OMS chez tous les enfants vivant dans des zones endémiques où la transmission est modérée ou forte, n’est efficace que contre Plasmodium falciparum. Il a été rejoint en octobre 2023 par un second vaccin, le vaccin R21/Matrix-M, également spécifique de Plasmodium falciparum.
Ces deux vaccins constituent une avancée importante pour protéger les enfants du continent africain des ravages du paludisme à Plasmodium falciparum, le parasite le plus pathogène pour l’homme et responsable des cas mortels de la maladie. Mais ils ne sont pas une solution universelle, car ils n’agissent pas sur les quatre autres espèces de Plasmodium. Les traitements préventifs et curatifs contre le paludisme, et leur accès partout dans le monde, restent donc des enjeux déterminants pour réduire le fardeau du paludisme.
Le paludisme à l’heure du réchauffement climatique
Le 21 mars 2024, les cartes de présence du moustique tigre en France métropolitaine ont été actualisées. Désormais, toutes les régions de France sont touchées par la présence de ce moustique, habituellement cantonné aux régions plus chaudes. La faute certainement au changement climatique et à la hausse des températures en France. Ce moustique fait l’objet d’une surveillance rapprochée, car il est susceptible de transmettre des maladies graves, comme la dengue, le chikungunya ou le virus Zika.
Qu’en est-il de l’impact du changement climatique sur l’évolution du paludisme dans le monde ? Doit-on craindre l’arrivée du moustique Anophèles en France métropolitaine ? Le paludisme a déjà existé en France, il y a plus d’un siècle et les moustiques Anophèles sont d’ores et déjà présents sur le territoire français. En Camargue par exemple, se trouvent certaines espèces d’Anophèles capables en théorie de transmettre des parasites de type Plasmodium.
Plus largement, les cas de paludisme sont en augmentation dans le monde et ont dépassé le seuil de prépandémie défini par l’OMS. Parmi les causes de cette tendance, figure le réchauffement climatique. Comment le réchauffement climatique favorise-t-il la multiplication des cas de paludisme ? Par plusieurs effets combinés sont mis en avant :
- Une augmentation des taux de survie du moustique, grâce à la chaleur et aux inondations ;
- Les déplacements pour des causes écologiques de populations non immunisées contre le paludisme ;
- Une fragilité accrue de certaines populations face à la maladie.
À titre d’exemple, les inondations catastrophiques survenues au Pakistan en 2022 ont entraîné une multiplication par cinq des cas de paludisme dans le pays. De tels phénomènes ont été observés ailleurs dans le monde, preuve de la menace mondiale persistante que représente le paludisme.
Sources
- Paludisme. Institut Pasteur. Consulté le 21 mars 2024. https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/paludisme.
- Paludisme. Organisation Mondiale de la Santé. 4 décembre 2023. https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/malaria
- Programme mondial de lutte contre le paludisme. Consulté le 22 mars 2024. https://www.who.int/fr/teams/global-malaria-programme/guidelines-for-malaria
- Le changement climatique met à mal la lutte contre le paludisme. ONU Info. 30 novembre 2023. https://news.un.org/fr/story/2023/11/1141137