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Les Français et le numérique en santé

12/03/2024

Le point de vue des Français sur le virage du numérique en santé

Dès 2019, la Haute Autorité de Santé (HAS) annonçait une véritable révolution numérique dans le monde de la santé dans un rapport d’analyse prospective. Près de 5 ans plus tard, le Ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités a publié le 5 février 2024 une synthèse, quantitative et qualitative, d’études sur les Français et le numérique en santé. Comment les Français perçoivent-ils le numérique en santé ? Où en est la révolution numérique en santé en France ?

Une majorité de Français utilisent des outils numériques en santé

L’enquête quantitative et l’enquête qualitative ont été effectuées en novembre 2023 sur un échantillon représentatif de la population française. Ces enquêtes révèlent que 90 % des Français ont déjà utilisé au moins un outil ou un service numérique en santé. Le service le plus utilisé par les Français est sans aucun doute les sites de prise de rendez-vous en ligne, 78 % en ont utilisé au moins une fois en 2023.

Les solutions numériques en santé se développent à un rythme soutenu, avec des finalités très diverses :

limiter les déplacements ;
faciliter les parcours de soins ;
favoriser le maintien à domicile ;
optimiser l’accompagnement des patients atteints de maladies chroniques ;
faciliter le suivi post-hospitalisation ;
etc.

En février 2021, la HAS a conçu la première classification des solutions numériques en santé, en les classant en 11 types différents, dans en 4 catégories :

(les services supports aux patients,
l’information générale de l’utilisateur,
l’aide à la vie, à la prévention, au dépistage, au diagnostic, à l’observance, à la surveillance ou au traitement,
et la gestion autonome de la décision) et 11 types différents.

L’objectif de cette classification est d’accompagner l’essor du numérique en santé, en mettant à disposition des acteurs un outil de référence.

Un succès variable selon les outils numériques en santé

Globalement, les Français perçoivent positivement l’avancée du numérique en santé. Ils y voient principalement deux avantages :

une meilleure coordination du parcours médical (74 % des personnes interrogées),
une plus grande fluidité dans les démarches administratives (72 % des personnes interrogées).

Mais cette vision positive du numérique en santé n’est pas toujours synonyme de succès pour les outils déployés. Si les plateformes de prise de rendez-vous en ligne ou de téléconsultations rencontrent un succès incontestable, comme un certain nombre d’applications mobiles en santé, d’autres outils peinent quant à eux à convaincre.

Le 13 février 2024, le carnet de santé numérique Mon Espace Santé, développé par l’Agence du Numérique en Santé, a fêté ses deux années d’existence. Si près de la moitié des Français déclarent avoir déjà utilisé un service Mon Espace Santé, seulement onze millions de Français, soit 15,6 % de la population, ont activé leur compte Mon Espace Santé, d’après les chiffres publiés début 2024 par la délégation numérique en santé (DNS). Un chiffre assez faible au regard des multiples fonctionnalités proposées par cet outil.

Des inquiétudes sur le stockage des données de santé

Les deux enquêtes menées par le Ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités pointent du doigt la délicate question de la sécurité des données de santé. 86 % des personnes interrogées considèrent que leurs données de santé sont des données sensibles et 78 % redoutent qu’elles soient utilisées à des fins commerciales. Et le récent piratage des données de plus de 33 millions d’assurés sociaux (stockées par des organismes complémentaires) ne risque pas de rassurer les Français sur ce point.

Autre sujet d’inquiétude, l’éthique liée aux outils numériques en santé. Depuis décembre 2023, les Français disposent d’un service en ligne pour signaler les alertes sur les problèmes liés à l’éthique dans l’usage des solutions numériques en santé.

Thérapies numériques, l’univers des DTx !

La révolution numérique en santé est en marche. A tel point qu’une nouvelle classe thérapeutique a été créée, les thérapies numériques ou “digital therapeutics” (les DTx). Le développement des thérapies numériques est en plein essor, en particulier aux USA, où elles font désormais l’objet de demandes de mise sur le marché, au même titre que les médicaments.

Les thérapies numériques font appel aux nouvelles technologies digitales et parfois à l’intelligence artificielle. Elles peuvent être utilisées en complément ou en remplacement des traitements médicamenteux habituels. D’ores et déjà, des DTx ont été approuvées dans des maladies chroniques largement répandues, comme la maladie d’Alzheimer, l’insuffisance cardiaque, le diabète de type 2, l’obésité ou encore la dépression. En 2024, les experts estiment que le marché mondial des DTx représentera près de 32 milliards de dollars.

Aux USA, certaines DTx sont désormais remboursées, au même titre que les médicaments et trouvent ainsi leur place dans le parcours de soins. Une démarche qu’empruntent désormais plusieurs pays européens dont la France. En France, une première thérapie numérique a été inscrite sur la liste des prestations remboursables en juin 2020. Il s’agit d’un dispositif médical utilisé dans le suivi hebdomadaire des patients atteints d’un cancer du poumon.

Le système de santé français est bel et bien entré depuis quelques années dans l’ère du numérique en santé. Reste à convaincre l’ensemble des Français d’utiliser les nouveaux outils numériques à leur disposition et à faire évoluer la réglementation pour la mise sur le marché, l’accès et le remboursement des thérapies numériques. Une étape cruciale pour réussir la transformation numérique du système de santé.

Sources