En 2024, le 11 février est seulement la 10ème édition de la journée internationale des femmes et des filles de science. Pourtant, l’histoire des femmes dans la science remonte à plusieurs siècles ! Promouvoir l’accès et la participation des femmes et des filles à la science est l’objectif de cette journée. L’occasion aussi de se remémorer quelques grandes figures féminines de la science.
11 février, comme 11 femmes de science célèbres
La science, et plus largement les sciences, ont inspiré les femmes depuis plusieurs siècles. Certaines ont même marqué l’histoire des sciences de leur empreinte.
Au XVIIIème siècle déjà, Émilie du Châtelet, à la fois mathématicienne et physicienne, s’illustre comme membre de l’Académie des sciences de l’Institut de Bologne. En France, elle démontre la proportionnalité de l’énergie cinétique par rapport à la masse et au carré de la vitesse.
Au XIXème siècle, Ada Lovelace, scientifique britannique, pose les toutes premières bases de la programmation informatique. En hommage à ses travaux, un langage informatique porte son nom, le langage ADA, utilisé encore aujourd’hui par le département américain de la défense.
Au début du XXème siècle, Marie Curie, physicienne française d’origine polonaise, découvre le radium et le polonium en travaillant sur la radioactivité. Pour ses travaux, elle reçoit un prix Nobel de physique en 1903, puis un prix Nobel de chimie en 1911. Elle reste encore aujourd’hui la seule femme de science à avoir reçu deux prix Nobel.
Quelques années plus tard, sa fille, Irène Joliot-Curie reprend le flambeau et reçoit elle aussi un prix Nobel de chimie pour ses travaux sur la radioactivité. Elle sera également l’une des premières femmes à entrer en politique, comme sous-secrétaire d’État à la recherche scientifique.
Aux USA, Henrietta Leavitt est la première femme astronome. Privée de l’accès aux télescopes, exclusivement réservés aux hommes, elle travaille sur les étoiles variables et découvre la relation entre période et luminosité. Une relation qui permettra par la suite de mieux comprendre les galaxies. Son nom a été donné à un astéroïde et à un cratère de la lune.
Hedy Lamarr invente quant à elle le codage des transmissions par étalement de spectre, encore utilisé aujourd’hui par les militaires, mais aussi en téléphonie mobile pour les technologies Bluetooth et WiFi.
Katherine Johnson est une mathématicienne et une physicienne. Elle intègre la NASA en 1953 et contribue à déterminer les trajectoires dans l’espace. Elle joue ainsi un rôle déterminant dans l’histoire de la conquête spatiale américaine.
Toujours dans l’histoire de la conquête spatiale, s’illustre en 1963 la soviétique Valentina Terechkova, la première femme astronaute à aller dans l’espace. Si depuis, 71 femmes au total ont été lancées vers l’espace pour un vol orbital, Valentina Terechkova reste la plus jeune femme à être allée dans l’espace, à l’âge de 26 ans, et la seule à avoir effectué une mission en solitaire.
La chercheuse britannique Rosalind Franklin est à la fois biologiste, chimiste, physicienne et généticienne. Elle pose les fondements de la biologie moléculaire et découvre la première la structure hélicoïdale de l’acide désoxyribonucléique (ADN). Non publiés, ces travaux seront repris par Watson et Cricks, qui recevront le prix Nobel de médecine en 1962.
Vera Rubin, astronome reconnue, fait évoluer le rôle des femmes en astronomie, leur permettant d’accéder à des sites dont elles étaient exclues jusque-là. Elle étudie les galaxies spirales et la vitesse de rotation des galaxies.
Enfin, Françoise Barré-Sinoussi est immunologiste et virologue française. Elle travaille aux côtés de Luc Montagnier, lorsqu’il découvre le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Ils reçoivent ensemble le prix Nobel de médecine en 2008 pour cette découverte. Depuis 2017, elle est présidente de l’association Sidaction et plus récemment, elle a été présidente du Comité Analyse Recherche et Expertise (CARE) dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 en France.
Les filles, les femmes et les sciences
Les femmes ont démontré leur attrait, mais aussi leurs aptitudes dans tous les domaines de la science, de l’astronomie à la médecine, en passant par la génétique et la physique. Actuellement, en France, 52 % des femmes sont diplômées de l’enseignement supérieur (42 % pour les hommes) et près de la moitié des médecins sont des femmes. Si ces chiffres semblent refléter une certaine égalité hommes-femmes en science, qu’en est-il réellement ?
En mars 2021, une enquête menée par le Ministère de l’Éducation Nationale (« Filles et garçons sur le chemin de l’égalité, de l’école à l’enseignement supérieur ») amène à un constat. Les filles sont tout aussi fortes que les garçons dans le domaine des sciences, mais nombreuses sont celles qui hésitent à se diriger vers les filières scientifiques. De plus, une fois diplômées, elles rencontrent plus de difficultés que les hommes à trouver un emploi. Un an après l’obtention de leur diplôme, seulement 66 % des femmes ont trouvé un emploi, contre 70 % chez les hommes. Et la différence de salaire persiste, avec un écart de près de 16 % de rémunération entre les deux sexes. Enfin, l’accès aux plus hauts niveaux hiérarchiques semble plus complexe pour les femmes. Alors qu’elles représentent 37 % des enseignants-chercheurs, seulement un professeur d’université sur 4 est une femme.
Un plafond de verre semble s’opposer à l’épanouissement des femmes dans les métiers de la science. Face à ce problème, des associations et des femmes de science se mobilisent et agissent pour permettre aux femmes d’être mieux représentées dans les sphères scientifiques. A ainsi été créé le comité XX initiative, cofondé par Violetta Zujovic, neuroscientifique, qui propose une feuille de route pour atteindre une égalité hommes-femmes dans la science. Un des résultats concrets de ces actions est la parité hommes-femmes dans le comité de pilotage scientifique de l’INSERM.
Les femmes et la science, une association les réunit !
L’association Femmes & Sciences a été fondée en 2000 et regroupe actuellement plus de 500 membres et 28 personnes morales (associations, universités, institutions, grandes écoles, …). Ses missions tournent autour de la promotion des femmes scientifiques, de l’incitation des filles à s’engager dans les filières scientifiques et de la création d’un réseau d’entraide.
Depuis 2001, l’association organise chaque année un colloque sur le thème des femmes et des sciences. La dernière édition, qui a eu lieu en novembre 2023, avait pour thème “femme et physique : des modèles à la réalité. Pallier la sous-représentation des femmes en physique”.
L’association remet également annuellement deux prix :
- le prix Thierry Célérier pour l’encouragement des jeunes femmes (de 20 à 28 ans) en situation de handicap souhaitant développer un projet scientifique ou technologique
- le prix Claudine Hermann pour encourager les filles à s’orienter vers les sciences et la technologie.
Claudine Hermann, physicienne, a été la première femme nommée professeure à l’école Polytechnique. Elle a participé à la création de l’association Femmes et Sciences et à la fondation de la plateforme européenne des femmes scientifiques (EPWS : European Platform of Women Scientists).
Anne L’Huillier, lauréate du prix Nobel de Physique 2023
Entre 1901 et 2022, seulement 6,3 % des lauréats des prix Nobel décernés étaient des femmes. Preuve du chemin qui reste à accomplir pour la reconnaissance de l’implication des femmes dans les sciences et la technologie.
En 2020, Emmanuelle Charpentier est la cinquième française à recevoir un prix Nobel, le prix Nobel de chimie, pour ses travaux sur la technique des ciseaux moléculaires CRISPR (Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats), déterminante dans le développement de certaines thérapies géniques. Elle partage ce prix Nobel avec l’américaine Jennifer Anne Doudna.
En 2023, deux femmes ont été récompensées d’un prix Nobel pour leurs travaux scientifiques. Le prix Nobel de médecine a été décerné à Katalin Karikó et Drew Weissman. Leurs recherches ont permis le développement des vaccins à ARN messager contre la Covid-19. Katalin Karikó est devenue la 61ème femme à recevoir un prix Nobel depuis 1901.
Une scientifique franco-suédoise a également reçu un prix Nobel cette année, Anne L’Huillier. Avec ses collègues Pierre Agostini et Ferenc Krausz, cette physicienne a reçu le prix Nobel de physique pour ses travaux sur les impulsions lasers très courtes permettant de suivre le mouvement ultra-rapide des électrons. Elle devient ainsi la 5ème femme à recevoir un prix Nobel de physique.
Toutes les femmes de science, illustres ou non, sont autant de modèles pour encourager les jeunes filles à s’orienter vers les sciences. Progressivement, comme dans d’autres domaines, les lignes bougent, mais les efforts et les actions doivent se poursuivre.
Pour en savoir plus
- Femmes & Sciences. Association Femmes et Sciences. Consulté le 26 décembre 2023. https://www.femmesetsciences.fr/
- Femmes et carrières scientifiques : y a‑t-il un plafond de verre ? Polytechnique Insights. 13 avril 2022. https://www.polytechnique-insights.com/dossiers/science/la-science-a-t-elle-besoin-de-plus-de-femmes/femmes-et-carrieres-scientifiques-ya-t-il-un-plafond-de-verre/#:~:text=Moins%20de%20femmes%20dans%20des,un%20pour%2070%20%25%20des%20hommes.