Les établissements de santé face aux enjeux environnementaux

À une époque où la nécessité de la prise en compte des enjeux environnementaux devient une urgence, les établissements de santé ont eux aussi un travail à faire sur eux-mêmes. Avec la mise en place du décret éco énergie tertiaire, les établissements sanitaires et médico-sociaux sont pour la première fois concernés par une réglementation qui leur demande de réduire leurs consommations énergétiques. Mais les économies d’énergies ne sont pas le seul défi que doit relever le secteur de la santé en matière de développement durable. De nombreux établissements ont déjà pris le virage de la « Green anatomy ». Zoom sur quelques initiatives…

La santé humaine nuit gravement à la nature

700 000 tonnes, c’est la quantité de déchets produits par les hôpitaux chaque année. Des déchets dont une grande partie est issue d’activités de soins à risques infectieux (DASRI). À lui seul, le secteur de la santé génère 3,5% de la production nationale de déchets. On estime aussi qu’il est responsable de 8% des émissions de gaz à effet de serre en France, soit 50 millions de tonnes de CO2 par an selon un rapport édité par The Shift Project. La pollution liée au secteur des soins touche aussi les eaux usées qui nécessitent des traitements spécifiques pour les débarrasser des effluents chargés de substances nocives (solvants, métaux lourds, matières radioactives) qu’elles contiennent.

À l’hôpital, le service de réanimation les blocs opératoires sont parmi les services qui consomment le plus d’énergie, de matériel emballé et jetable (cartons, plastique, bouteilles…). Une simple intervention en chirurgie génère autant de déchets que le ferait une famille en une semaine…. Et le rejet des gaz d’anesthésie, comme le protoxyde d’azote, pollue, tout comme d’autres produits d’anesthésie contaminent l’eau.

Des initiatives naissent

Conscients de leur impact sur la nature, beaucoup d’établissements de santé réfléchissent à de nouveaux modes de consommations, pour polluer moins. Des initiatives fleurissent ainsi un peu partout en France.

À Strasbourg, par exemple, le bloc de chirurgie digestive du CHU a modifié ses habitudes. Aussi, pour les anesthésies, ils ont décidé d’utiliser le desflurane, un gaz plus propre qui émet moins de gaz à effet de serre. Pour limiter les opérations de lavage et de stérilisation du matériel, le personnel de bloc fait aujourd’hui attention de ne déballer le matériel qu’en cas de besoin. Lorsqu’on sait que la décontamination d’un sachet coûte près de 10 €, on mesure aussi qu’il est possible de faire rimer écologie avec économie.

Autre exemple à l’Hôpital Nord de Marseille, des groupes de travail comme le « Green Bloc », ou la « Green Réa », ont été mis en place afin de réfléchir aux moyens de minimiser l’impact de l’établissement sur l’environnement. Depuis, le tri et le recyclage ont été largement améliorés : tri du papier en filière spécialisée, tri des bouteilles plastique ainsi que des petits cartons (médicaments, emballages), réduction des déchets à risques infectieux, … Le nettoyage vapeur y est désormais encouragé pour diminuer la quantité de biocides utilisés et leur impact environnemental. Au bloc, le protoxyde d’azote n’est plus employé et des efforts ont été faits pour considérablement réduire la consommation d’énergie. En réanimation, une réflexion sur le gaspillage alimentaire a également été menée afin de baisser le volume d’aliments jetés.

Engagée depuis 2017 dans la promotion des pratiques éco responsables dans les établissements de santé, l’ARS PACA déploie, elle, auprès des établissements médico-sociaux de son territoire, un projet d’accompagnement au développement durable. Les rréflexions s’engagent sur des thématiques telles que les résidus médicamenteux, l’énergie, les déchets d’activités de soins à risques infectieux et assimilés, le gaspillage alimentaire, les biocides et les achats responsables… Les porteurs de projets  peuvent bénéficier d’un accompagnement sur mesure sous la forme de réunions de travail, de formations, et d’outils méthodologiques.

L’idée d’une santé plus verte est donc en marche. Une mise au vert à laquelle les industries de santé ont, toutes, leur rôle à jouer en travaillant sur des procédés de fabrication plus écologiques, en réduisant les quantités d’emballages, en facilitant le recyclage, …

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