Une édition qui renouait timidement avec le présentiel
Après une édition 2021 qui s’était déroulée en virtuel, l’édition 2022 du Consumer Electronic Show renouait avec le présentiel.
Si plus de 2 300 entreprises étaient représentées, leur nombre était en forte diminution comparé au 4 500 de l’édition de 2020. Et seuls 40 000 participants ont arpentés les allées du salon international contre 170 000 en 2020.
Et, face à la déferlante Omicron, de nombreux GAFAM avaient décidés d’annuler leur présence. Ni Google, ni Amazon, ni Meta (anciennement Facebook), ni Microsoft n’étaient présents lors de cette édition.
Une édition bien représentée pour les start-up françaises e-santé
Et parmi les 140 start-up françaises présentes, celles-ci ont obtenues 23 nominations aux Awards.
Parmi les secteurs les plus innovants, celui de la santé était encore bien représenté cette année.
Les jumeaux numériques de Dassault Systèmes
Dassault a profité de cette édition 2022 pour montrer l’avancement de ses travaux dans la domaine de la santé. Et surtout ses ambitions.
Exploitant son logiciel de modélisation et de simulation utilisé dans les domaines de l’aéronautique et de la l’automobile, l’entreprise a présenté au public un jumeau numérique de cœur.
Sa représentation du coeur est le résultat d’un travail de sept ans, qui intègre les connaissances actuelles sur le fonctionnement de l’organe : comment agissent les muscles et les fibres au sein du cœur, comment le courant électrique y circule, quelles sont les réactions connues aux médicaments.
L’intérêt de ces modèles repose sur la capacité à les personnaliser sur mesure et de manière fidèle au cœur de patients. Les cas d’usages sont multiples et offrent des perspectives majeures dans l’amélioration future des soins. Préparer les interventions, concevoir sur mesure des implants, mais aussi réaliser des essais cliniques en s’appuyant sur une base de données de patients dont le cœur a été dupliqué dans le monde virtuel.
Ce jumeau numérique de coeur est déjà utilisé à l’hôpital pour enfants de Boston, ce modèle permet notamment de préparer des interventions lourdes, visant à soigner des malformations cardiaques congénitales.
Dassault Systèmes affirme aussi travailler sur le double numérique du cerveau. Ce jumeau numérique de cerveau, lui, est en cours d’essai clinique avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (APHM). Il permet de préparer des opérations visant à soigner l’épilepsie.
Enfin Dassault Systèmes réfléchit à se pencher sur d’autres organes, à commencer par les poumons.
Fuigent et son laboratoire de poche OMI
Fluigent est une entreprise français, issue d’une invention de l’Institut Curie en partenariat avec l’Ecole Supérieure de Physique et de Chimie de Paris (ESPCI), leader mondial de la microfluidique.
Lors du CES 2022, Fluigent a présenté OMI, un laboratoire portable qui permet d’imiter le fonctionnement d’organes de manière in vitro. Ce produit de 15 x 8 centimètres permet par exemple aux chercheurs de tester de nouveaux médicaments sans avoir recours aux tests sur les animaux.
La microfluidique est une science qui étudie le comportement des fluides dans les microcanaux à l’aide de dispositifs microminiaturisés. La microfluidique est une révolution comparable à l’invention des microprocesseurs. Son potentiel pour la recherche et l’industrie est immense, notamment grâce aux puces dans lesquelles circulent ces fluides pour, par exemple, recréer des conditions de vie (organes sur puces) ou effectuer des analyses (ADN, détection de pathogènes).
Les modèles in vitro proposés par OMI permettent des avancées significatives dans la compréhension du vieillissement, dans la capacité à personnaliser les traitements en un temps record ou dans le développement de médicaments. Elle permet aux scientifiques de développer des modèles d’organes humains via la culture de cellules dans des conditions proches de l’environnement physiologique. Cela permet d’évaluer et de prédire la réponse humaine en fonction de l’objectif de l’étude.
Par exemples :
- Cerveau sur puce : OMI permet de comprendre la fonction des neurones, l’expression des gènes ou les effets de la thérapeutique.
- Poumon sur puce : grâce à OMI, les chercheurs peuvent étudier la physiologie, différentes maladies et l’effet des candidats médicaments.
OMI permettra d’effectuer des recherches précliniques, beaucoup plus rapidement, à moindre coût et avec une efficacité accrue.
Withings Body Scan
Withings a présentée cette année sa station de santé connectée “Body Scan”.
Une solution qu’elle qualifié de “vue à 360° de la santé tout en offrant des mesures essentielles à portée de main”.
Dans la continuité de sa balance connectée commercialisée depuis 2009, Body Scan permet :
- une analyse de la composition corporelle, avec la répartition de la masse musculaire, osseuse et graisseuse ;
- une analyse de la santé cardiovasculaire, via la mesure d’un ECG, de la fréquence cardiaque, et de l’âge vasculaire ;
- et la détection des biomarqueurs parmi les plus associés à certaines maladies comme le diabète de type 2.
Circular et sa bague connectée
Dans la catégorie des wearables, on cherche à être le moins invasif possible en proposant des dispositifs qui savent se faire oublier.
C’est le cas de Circular, une start-up parsienne qui pa dévoilé, lors du CES unveiled, un anneau connecté de 4 grammes et qui mesure de nombreuses paramètres cliniques. Le rythme cardiaque, la saturation en oxygène, la fréquence respiratoire, la température, les mouvements (pas), ainsi que les cycles du sommeil sont enregistrés de jour comme de nuit par cette bague connectée à une application smartphone.
L’application fournit alors des analyses construites à partir de ces données, qui ambitionnent d’expliquer pourquoi le porteur de la bague a mal dormi, ou les raisons qui justifient l’augmentation de la fréquence cardiaque au repos.
La start-up vise dans un premier temps le marché grand public puis souhaite s’adresser aux entreprises (assurance, établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, établissements médicaux…).
FollowKnee, la prothèse de genou du CEA
Le CEA-Leti, a présenté FollowKnee, une prothèse de genou communicante.
FollowKnee est une prothèse élaborée par le CEA capable de donner des informations sur son fonctionnement et de faciliter la rééducation des patients.
FollowKnee intègre un capteur de déformation, un capteur de pH, un capteur de température et un accéléromètre.
Le capteur de déformation et l’accéléromètre guident le chirurgien pendant l’opération chirurgicale afin d’ajuster et de positionner le plus précisément possible l’implant sur le patient, tandis les capteurs de pH et de température détectent précocement une infection en phase post-opératoire.
Avec 6% de complications chirurgicales (dysfonctionnements, descellements et infections), l’objectif du projet vise à optimiser la conception, la fabrication, l’implantation et le suivi de ces implants, afin de réduire les reprises, qui s’avèrent moins efficaces et 2,5 fois plus coûteuses que l’intervention initiale.