Entre 80 et 90 % des cas de cancer du poumon – la première cause de décès par cancer en France – sont liés au tabagisme actif. Le tabac est également en cause dans environ 80 % des cas de BronchoPneumopathie Chronique Obstructive (BPCO). Le tabac constitue la première cause de mortalité évitable en France. Ces chiffres témoignent du lourd fardeau que fait peser le tabac sur la santé publique. Les derniers chiffres publiés par Santé Publique France révèlent une baisse importante de la consommation en tabac en France. Cette tendance est-elle liée aux conséquences sur la santé ou à des politiques publiques fortes ?
Une baisse de la prévalence du tabac en France
À l’occasion de la Journée Mondiale sans Tabac 2025, Santé Publique France a publié les données de l’enquête Baromètre Santé – Prévention Tabac 2022, une enquête qui révèle une baisse de la côte du tabac chez les Français. Plus de la moitié des Français estiment que les fumeurs sont moins bien acceptés par la société que les non-fumeurs et deux-tiers d’entre eux considèrent que fumer est mal perçu par la société française. Pourtant, en 2023 plus de 3 adultes sur 10 déclarent fumer, dont un quart de manière quotidienne.
Au fil des années, les usages du tabac ont évolué :
- Les hommes fument encore davantage que les femmes, malgré une augmentation notable du tabagisme féminin entre 2019 et 2021 ;
- Le tabagisme quotidien recule, tandis que le tabagisme occasionnel augmente ;
- Le tabagisme des jeunes recule depuis 2017, mais un jeune de 17 ans sur 4 déclare avoir fumé au cours du mois précédent ;
- Le vapotage progresse, avec près de 42 % des adultes ayant essayé la cigarette électronique en 2023.
Si les chiffres traduisent un recul du tabagisme en France, à quels facteurs faut-il l’attribuer, aux politiques publiques ou aux craintes relatives à la santé ?
Un ancrage sociétal encore marqué, malgré les messages de santé publique
Les risques du tabagisme actif et passif sur la santé sont multiples : survenue de cancers, augmentation du risque de maladies métaboliques, cardiovasculaires et respiratoires, altération de la fertilité, risques pour la grossesse, accélération du vieillissement cutané, problèmes bucco-dentaires, … La liste des effets néfastes du tabac sur la santé est longue. Au-delà d’une mauvaise perception des fumeurs par la société, les fumeurs décrivent également des inquiétudes par rapport à la santé. Ainsi 90 % des fumeurs déclarent que les personnes qui comptent pour elles pensent qu’elles ne devraient pas fumer.
Les campagnes de communication des autorités de santé publique mettent l’accent sur les bénéfices de l’arrêt du tabac sur la santé et la qualité de vie : réduire le risque de maladies, se sentir mieux, protéger son entourage, augmenter son espérance de vie. Plus de la moitié des fumeurs quotidiens souhaitent ainsi arrêter de fumer et près d’un tiers a déjà tenté d’arrêter au cours de l’année précédente, d’après les données de Santé Publique France. Parmi les motivations à l’arrêt, semblent entrer en ligne de compte l’âge, le genre, le niveau socio-économique ou encore l’existence de troubles anxio-dépressifs. Mais la norme sociale associée au tabac semble persister en France, puisqu’en 2022, 27,3 % des Français estimaient que fumer leur permet de sentir plus à l’aise en groupe. Un chiffre en hausse par rapport à l’année 2017.
Combiner politiques publiques et campagnes de sensibilisation pour faire reculer le tabagisme
Les données révèlent un ancrage social du tabagisme en baisse, mais qui reste encore important dans certaines catégories de population, peu réceptives aux messages de santé publique. La baisse globale du tabagisme semble étroitement associée aux politiques publiques menées depuis le début des années 2000, avec une succession de mesures fortes :
- L’interdiction de fumer dans tous les lieux à usage collectif fermés et couverts accueillant du public ou qui constituent des lieux de travail, dans les moyens de transports collectifs et dans l’enceinte des écoles, collèges et lycées en 2007 ;
- L’interdiction de fumer dans les lieux de convivialité (bars, restaurants, discothèques, casinos) en 2008 ;
- La mise en place du paquet neutre en 2017 ;
- Les différentes hausses de prix entre 2017 et 2020 ;
- Et depuis le 1er juillet 2025 l’interdiction de fumer dans certains espaces publics ouverts, comme les plages ou les parcs.
Parallèlement, est menée chaque année l’opération Mois Sans Tabac, qui propose aux fumeurs un accompagnement à l’arrêt du tabac. Plus d’1,4 million de Français ont participé à cette opération depuis sa création en 2016. Cet accompagnement peut également être initié tout au long de l’année avec des professionnels de santé ou en contactant Tabac Info Service.
Si le recul du tabagisme se poursuit en France, certains comportements restent ancrés dans la société, démontrant la nécessité de poursuivre et d’optimiser les politiques publiques et les campagnes de sensibilisation aux dangers du tabac.
Sources
- Santé Publique France. Journée mondiale sans tabac, 31 mai 2025. Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire n°10 ; 27 mai 2025. https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/tabac/documents/magazines-revues/bulletin-epidemiologique-hebdomadaire-27-mai-2025-n-10-journee-mondiale-sans-tabac-31-mai-2025
- Service Public. Interdiction de fumer dans de nouveaux lieux publics à partir du 1er juillet. 13 juin 2025. https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A18351
- Assurance maladie. Tabac. Consulté le 23 juin 2025. https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/tabac