Recherche et innovation en cancérologie, quels défis pour la France ?

Alors que les cancers représentent la première cause de décès en France, et que le nombre de nouveaux cas de cancer augmente d’année en année, comment la France se positionne-t-elle dans la recherche et l’innovation en cancérologie ? L’Institut national du cancer (INCa) et l’Observatoire des sciences et techniques (OST) du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) ont réalisé une analyse des publications et des brevets dans le domaine de l’oncologie en France et dans le monde sur la période 2000-2020. Des données qui permettent de dresser un tableau de la recherche en cancérologie en France et dans le monde. 

La France, 7ème sur le podium mondial de la recherche en cancérologie

Le partenariat entre l’Institut national du cancer (INCa) et l’Observatoire des sciences et techniques (OST) du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) a débuté en 2017 avec l’objectif d’évaluer la position de la recherche française en cancérologie dans le contexte mondial. En 2017, la première analyse avait montré que la France menait une recherche active en cancérologie, contribuant de manière significative aux avancées mondiales dans ce domaine thérapeutique. Cette fois, l’analyse publiée en juillet 2024 s’intéresse à l’ensemble de la période 2000-2020. 

À l’échelle mondiale, le nombre de publications en cancérologie a été multiplié par trois sur la période 2000-2020. Les données confirment que la France fait toujours partie des pays très engagés dans la recherche sur le cancer, à l’échelle européenne et mondiale. La France est ainsi le septième pays inventeur en cancérologie. 

Les USA restent sans conteste l’acteur principal de la recherche en cancérologie, quel que soit l’indicateur pris en compte. Les données montrent par ailleurs une avancée significative de la Chine, et dans une moindre mesure de la Corée du sud. Alors que les dépôts de brevets augmentent dans le monde depuis 2013, l’activité de la France en la matière stagne. La France semble ainsi progresser moins vite aujourd’hui que certains de ses concurrents, mais elle se démarque par une proportion très élevée de collaborations européennes et internationales. Elle est ainsi partie prenante de nombreuses co-inventions et co-publications internationales. 

À titre d’exemple, lors du dernier congrès de l’ASCO (American Society of Clinical Oncology), qui s’est déroulé au printemps 2024 à Chicago, sur les 6 000 communications, plus de 300 ont ainsi été effectuées par des équipes de recherche française. 

Les plans cancer pour booster la recherche française 

Cette bonne santé de la recherche française en cancérologie s’explique en partie par la structuration de la lutte contre le cancer en France. Dès 2003, la lutte s’est organisée autour de plans nationaux, visant à mobiliser tous les acteurs de santé publique, y compris les chercheurs. 

Trois Plans Cancer se sont succédés jusqu’en 2019, décrivant à chaque fois la recherche et l’innovation comme un axe prioritaire à développer. Depuis, la lutte repose sur la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030, portée par l’Institut national du Cancer (INCa). Quatre axes définissent cette stratégie, dont l’un vise à promouvoir le continuum entre la recherche et les soins pour favoriser l’émergence de nouveaux traitements anticancéreux et le transfert rapide de l’innovation vers les patients. 

En parallèle des instances de santé publique, la recherche française s’est elle-même organisée, comme en témoigne la création du réseau Unicancer, le réseau français des centres de lutte contre le cancer, fondé dès 1964 (il s’appelait alors la Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer). Ce réseau hospitalier, 100 % consacré à la cancérologie, fédère les équipes soignantes, les patients et les chercheurs. Unicancer est un acteur majeur de la cancérologie en France et dans le monde, avec plus de 700 essais cliniques actifs. 

Une recherche française active pour un meilleur accès aux médicaments innovants

L’oncologie reste le marché le plus important et le plus dynamique de l’industrie pharmaceutique, comme le souligne une étude menée par l’Institute for Human Data Science d’IQVIA en 2022. En 2021, le marché des anticancéreux a progressé de 12 %, pour un montant global de 185 milliards de dollars. Les spécialistes estiment que le marché pourrait représenter 307 milliards de dollars à l’horizon 2026, c’est-à-dire dans seulement deux ans. Or, le dynamisme du secteur de l’oncologie est étroitement lié à l’innovation. 

Innover dans le secteur de la cancérologie, c’est aussi contribuer à l’essor du premier secteur pharmaceutique et donc à l’accès des patients à des médicaments innovants et souvent coûteux. En 2021, 30 nouvelles substances actives anticancéreuses ont été lancées dans le monde. Le nombre d’essais cliniques en cancérologie a été multiplié par deux en seulement 10 ans. En France en 2022, d’après les données de la Cour des Comptes, 244 563 personnes avaient reçu un médicament innovant anti-cancéreux, soit 18,8 % des prises en charge à l’hôpital pour un cancer. 

Les nouvelles thérapies géniques et cellulaires et l’essor de l’intelligence artificielle (IA) représentent autant de nouveaux défis pour la recherche et l’innovation en cancérologie. Des domaines où la France devra exceller dans les années à venir pour rester dans les 10 premiers pays leaders de la recherche en cancérologie. 

Sources 

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