La France vise les 20 biomédicaments produits sur son sol en 2030 !

Depuis la découverte des antibiotiques au développement des premières thérapies géniques, l’histoire des biomédicaments s’écrit depuis maintenant plusieurs décennies. A l’heure où les questions de souveraineté et d’indépendance sanitaires occupent une place prépondérante, comment la France se positionne-t-elle sur ce secteur en plein essor ? Les initiatives se multiplient pour rattraper le retard.

Les biomédicaments, utiliser le vivant pour soigner

La définition des biomédicaments, inscrite dans le Code de la Santé Publique, est celle de médicaments biologiques, c’est-à-dire de médicaments issus ou produits à partir d’une source vivante. Il en existe différentes classes et s’y retrouvent entre autres les anticorps monoclonaux, les vaccins, les médicaments dérivés du sang ou encore les produits de thérapie génique et cellulaire.

L’histoire des biomédicaments n’est pas récente, puisque des substances biologiques sont déjà utilisées en thérapeutique depuis de nombreuses décennies, en particulier les antibiotiques. Des substances d’intérêt thérapeutique sont extraites à partir de sources biologiques, le plus souvent des micro-organismes. Dans les années 1970, une nouvelle étape est franchie avec l’avènement des procédés de bioproduction. Cette fois, on utilise le vivant pour produire des biomédicaments, généralement des antibiotiques, mais aussi des vaccins ou des protéines thérapeutiques.

La véritable accélération dans le champ du biomédicament survient à partir des années 1980 avec l’essor des techniques de biologie moléculaire. La recombinaison génétique ouvre des portes jusque-là restées closes. Les classes de biomédicaments se succèdent au fil des avancées scientifiques et techniques, avec l’arrivée dans l’arsenal thérapeutique :

  • Des anticorps monoclonaux ;
  • Des nouvelles protéines thérapeutiques ;
  • De nouvelles technologies vaccinales ;
  • Des produits de thérapie cellulaire ;
  • Des thérapies géniques.

Un médicament sur deux en développement dans le monde est un biomédicament !

Encore aujourd’hui, la médecine allopathique reste principalement axée sur des principes actifs de synthèse, c’est-à-dire obtenus par des procédés de production physique et/ou chimique. Les progrès de la chimie combinatoire et plus récemment de l’intelligence artificielle promettent encore de beaux jours au développement de ces médicaments de synthèse. Mais les biomédicaments gagnent de plus en plus de terrain.

Actuellement, dans le monde, un médicament sur deux en développement est un biomédicament. Cette tendance ne résulte pas uniquement des progrès des procédés de bioproduction et de recombinaison génétique. Les biomédicaments ouvrent de nouvelles options thérapeutiques pour des maladies jusque-là orphelines. C’est le cas notamment des thérapies géniques, qui pourraient permettre à l’avenir de traiter des maladies génétiques totalement incurables à ce jour.

Le marché des biomédicaments pesait déjà 300 milliards de dollars en 2020, sur un marché mondial du médicament évalué à plus de 1 100 milliards de dollars. Les experts estiment que les biomédicaments devraient voir leur marché doubler à l’horizon 2030, en seulement 10 ans. Comment la France se positionne-t-elle sur ce marché porteur ?

La France tente de rattraper son retard sur les biomédicaments

La France ne semble pas avoir pris suffisamment rapidement le virage des biomédicaments. Depuis quelques années, elle accuse un retard sur ce marché, qui la contraint aujourd’hui à importer 95 % des biomédicaments utilisés sur son territoire. La France se positionne aujourd’hui comme le 4ème pays producteur de biomédicaments en Europe, derrière l’Allemagne, l’Italie et la Suisse. Ainsi, sur les 76 biothérapies actuellement commercialisées en France, seulement 5 sont produites en France, alors que 21 sont produites en Allemagne et 12 en Italie. La France ne recense sur son sol que 18 producteurs de lots commerciaux de biomédicaments.

Face à ce constat, des initiatives sont lancées pour permettre à la France de récupérer son retard en matière de biomédicaments. Il s’agit d’un enjeu majeur d’indépendance sanitaire, de santé publique et de compétitivité pharmaceutique. L’enjeu économique ne repose pas uniquement sur des critères de compétitivité de l’industrie pharmaceutique. Les biomédicaments sont des médicaments coûteux. Les anticorps monoclonaux ont un coût de plusieurs centaines d’€ par dose. Pour certains biomédicaments, comme les thérapies géniques, le coût peut dépasser le million d’€ la dose ! La question de leur accessibilité pour les patients français représente ainsi un enjeu sanitaire et économique déterminant pour le système de santé. Développer les capacités de bioproduction en France, c’est permettre de mieux maîtriser les coûts de production et donc l’impact financier sur le système de santé.

Dans le plan France 2030, l’État annonçait des investissements massifs dans le domaine du biomédicament. Un nouvel acteur clé œuvre au quotidien pour renforcer le secteur du biomédicament en France : l’association France Biolead. Cet acteur national, créé sous l’égide de l’État et du Comité Stratégique de Filière des Industries et Technologies de Santé (CSF-ITS), fédère l’ensemble de la chaîne de valeur de la bioproduction de biomédicaments. Lancée fin 2022, elle rassemble aujourd’hui une cinquantaine de membres, qui agissent à toutes les étapes du développement du médicament, de la recherche aux aspects réglementaires. Pour y parvenir, elle peut compter sur le soutien financier de l’État, qui a débloqué une enveloppe de 800 millions d’€, dont 338 millions d’€ sont d’ores et déjà alloués à pas moins de 86 projets. Grâce à ces initiatives, les capacités de bioproduction de la France ont augmenté de 60 % en seulement 6 ans.

L’objectif de la France est d’être capable de produire 20 biomédicaments en France en 2030. Un objectif ambitieux, qui nécessite également d’accroître le nombre de recrutements dans ce secteur porteur. D’ici à 2030, 20 000 postes pourraient être créés dans le biomédicament en France, soit un doublement du secteur. Dans ce contexte, France Biolead a organisé le 5 juillet 2024 la première journée nationale de la bioproduction. Un temps fort  pour permettre aux acteurs de présenter ce secteur en pleine évolution, au grand public, mais aussi et surtout aux jeunes pour susciter des vocations et recruter de nouveaux talents !

Sources : 

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