Le cancer du poumon est la première cause de décès par cancer en France, avec 33 100 décès recensés en 2018. Son diagnostic repose sur un scanner thoracique à faible dose, un examen difficile à généraliser (exposition aux rayons X, coût de l’examen, …). Pourtant, détecter précocement ce cancer améliore le pronostic des patients. De récentes études suggèrent qu’il sera bientôt possible de détecter précocement le cancer du poumon à l’aide d’une simple prise de sang.
Le cancer du poumon, première cause de mortalité par cancer en France
D’après le Panorama des Cancers, publié en 2023 par l’Institut National du Cancer (INCA), le cancer du poumon est le second cancer le plus fréquent en France chez l’homme et le troisième chez la femme. Si l’incidence de ce cancer a eu tendance à diminuer chez les hommes entre 1990 et 2023, elle a fortement augmenté chez les femmes, sans doute en lien avec l’évolution du mode de vie.
80 % des cancers du poumon sont liés au tabagisme, qui constitue le premier facteur de risque, quelle que soit la forme du tabac, y compris le tabagisme passif. Un diagnostic précoce peut permettre une chirurgie curative associée à un pronostic plus favorable, mais dans les faits, ce cancer est souvent diagnostiqué à un stade avancé, avec un impact négatif sur le pronostic. Si les progrès thérapeutiques contribuent à améliorer d’année en année le pronostic, l’un des enjeux principaux de la lutte contre le cancer bronchique reste un diagnostic plus précoce.
Un diagnostic précoce déterminant … mais complexe !
Si en théorie, un diagnostic précoce est essentiel, il reste difficile à poser en pratique, car les premiers signes cliniques (toux, essoufflement, douleurs thoraciques, modification de la voix, …) sont peu spécifiques et se confondent avec d’autres pathologies pulmonaires et/ou cardiovasculaires. La recherche et le diagnostic de ce cancer reposent sur plusieurs examens complémentaires :
- une radiographie pulmonaire ;
- un bilan sanguin ;
- un scanner thoracique.
L’analyse de fragments de la tumeur prélevés par biopsie, au cours d’une fibroscopie bronchique, permet de confirmer le cancer du poumon et sa nature. Parallèlement, il n’existe actuellement aucune méthode de dépistage précoce du cancer du poumon, qui pourrait permettre de détecter précocement les tumeurs, avant les premiers signes cliniques. Mais une innovation développée par le CHU de Besançon pourrait révolutionner la détection du cancer bronchique.
Une simple prise de sang pour détecter le cancer bronchopulmonaire
L’espoir de détecter un cancer grâce à une simple prise de sang ne date pas d’hier et ne concerne pas uniquement le cancer du poumon. Des scientifiques travaillent notamment sur des marqueurs communs, capables d’identifier des patients atteints de cancer, quel que soit le cancer concerné. En 2022, des chercheurs français ont ainsi publié les résultats de l’étude prospective ONCOPRO, suggérant que la progastrine pourrait être un marqueur sanguin du cancer. Mais faut-il encore savoir quel cancer rechercher chez un patient présentant un taux élevé de progastrine ?
Des chercheurs du Lung Cancer Cohort Consortium (LC3), regroupant 25 cohortes dans le monde entier incluant 3 millions de participants, ont identifié en 2023 36 marqueurs protéiques sanguins associés au risque de développer un cancer du poumon. Les patients présentant ces marqueurs sanguins pourraient bénéficier précocement d’un scanner thoracique à faible dose pour détecter un éventuel cancer du poumon. D’autres chercheurs ont ensuite développé un algorithme de prédiction du risque de développer un cancer du poumon, basé sur les 36 marqueurs sanguins identifiés.
Plus récemment, en France, des chercheurs du CHU de Besançon, du CHU Dijon Bourgogne et de l’Université de Franche-Comté, ont mis en évidence des biomarqueurs sanguins utilisables pour détecter précocement le cancer du poumon. En analysant, grâce l’intelligence artificielle, plus de 450 000 cibles potentielles chez 400 patients, ils ont identifié une signature moléculaire de 6 cibles, présentant la sensibilité maximale pour détecter le cancer bronchique. Cette signature a ensuite été validée sur 40 prélèvements sanguins, 20 issus de sujets sans pathologie bronchique et 20 issus de patients atteints d’un cancer bronchopulmonaire.
Ces travaux suggèrent qu’une simple prise de sang pourrait bientôt permettre de détecter précocement le cancer du poumon. La prise de sang ne permettrait pas de poser le diagnostic du cancer, mais de cibler les patients pour lesquels il serait le plus pertinent de réaliser un scanner thoracique. Des stratégies de dépistage pourraient alors être mises en place, en ciblant les populations à risque, comme c’est déjà le cas pour le cancer colorectal, le cancer du col de l’utérus ou le cancer du sein.
Sources
- Les symptômes et le diagnostic du cancer du poumon. AMELI Santé. 27 mars 2024. https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/cancer-poumon/symptomes-diagnostic
- Panorama des cancers en France – édition 2023. Institut National du Cancer. https://www.e-cancer.fr/Expertises-et-publications/Catalogue-des-publications/Panorama-des-cancers-en-France-edition-2023
- Des biomarqueurs sanguins pourraient améliorer la détection précoce du cancer du poumon. Nations Unies. 1er juin 2023. https://news.un.org/fr/story/2023/06/1135732
- Détecter le cancer en une prise de sang : possible ? Hospices Civils de Lyon. 3 février 2022. https://www.chu-lyon.fr/detecter-le-cancer-en-une-prise-de-sang